Bang on time! C’est peu de le dire, tant l’attente fut longue depuis le dernier album en date des trublions rennais, fort occupés toutefois entre ciné-concert et scènes avec Didier Wampas notamment…
Enregistré au rythme d’une session par semestre sur trois ans, Bang on time! reprend les coutures 60’s savoureuses du groupe, cette fois plus apaisées, moins dispersées. On y perd en « foutraque » mais on y gagne en cohérence et si la première écoute peut dérouter, la seconde et la flopée d’autres démontrent qu’en resserrant les rangs, les Prima, Gransard and Co risquent fort de décrocher la timbale. S’ils font « du neuf avec du vieux » et le disent avec humour et modestie, ils le font avec maestria et Stop all jerk, joliment cuivré, déballe d’emblée ce groove rétro pétri de style, remis au goût…du jour d’antan, en phase avec le procédé des bretons. On retrouve ici, ajustés, tous les éléments qui font leur force: voix racée un tantinet « surannée », claviers bavards et guitares aussi subtiles qu’offensives, le tout sous le joug d’une rythmique souple.
En outre, les morceaux sont courts et ne perdent de ce fait jamais en intérêt, The shade of my soul, d’abord velouté puis plus rugueux en sa fin, étant loin d’infirmer la bonne impression de départ. Musicalement, l’effort tape dans le mille (Sulky Lisa), Bikini Machine dompte sa fougue pour à l’arrivée engendrer un rendu de choix. L’élégance rétro prévaut mais l’allant est toujours de mise, la « coolitude » se pare d’embardées rageuses (Watcha gonna do) ou préside seule (Stagger man). Dans le genre, le quintet n’a pas son pareil, mêle les voix avec toujours autant d’impact et assène un groove qui fait remuer et chantonner. Ca twiste, ça rocke (Brace you up), on est autant dans le déjanté que dans le cintré et l’équilibre est constant. Travel free et ses sifflements en remet une couche dans le rayon rock trépidant, les sensations sont fortes et évoquent autant une formation d’époque que le meilleur actuel. Des mélopées soignées -c’est l’un des atouts du groupe- renforcent l’essai, se font valoir même au sein des plages les plus vives (un excellentissime Everybody’s in the know).
Au bout de la route, Bus 64 nous embarque dans un trip finaud, orné par des synthés remarquables et ce, dans une belle sobriété. Puis Watch me going by suit le même chemin du point de vue de la classe du résultat, en plus agité et tout aussi abouti. Avec du jerk et des élans surf qui parfont le tout, pour signer au bout du compte un opus diablement accompli.