Beau programme, encore, à l’actif de l’Ouvre-Boite de Beauvais avec la venue de Powersolo et du Legendary Tigerman de Paulo Furtado, homme-orchestre d’un talent bluffant assisté pour l’occasion d’un batteur, ce qui lui permet plus de mouvement et de liberté et donne du coffre à une prestation déjà, on le lira en ces lignes, énorme.
Avant cela et en digne « apéritif » régional, le trio USS aura fait valoir un registre prometteur bien qu’étayable, crédibilisé par des compos qui tiennent la route (Arhur Rainbow, belle sucrerie poppy aux effluves psyché et « dreamy »). Auteur d’un rock bourru (Mon no bad, très bon, Leitmotiv itou) et/ou mélodieux (Appaloosa), bien exécuté, le groupe chaunois dégage donc le chemin avec pertinence pour les deux monstres qui suivront. On pense autant aux formations garage qu’à la finesse d’un Moodoïd ou au psychédélisme d’un Temples et s’il faudra à l’avenir confirmer, les aptitudes sont bel et bien là.
Ce bon moment conclu, place à Powersolo qui, sans tergiverser, envoie de grandes rasades d’un rock de caractère, aussi brut que doté d’un groove omniprésent. Les frères Railthin, « wild » à souhait, assurant à grand renfort de charisme et de dextérité vocale et instrumentale un set de folie. Imités en cela par une rythmique qui envoie le bois, dont un batteur survolté, les danois jouent en rangs serrés, de façon compacte et acérée et transcendent autant le public que les morceaux de The real sound, leur petit dernier, ou des opus précédents. Powersolo fait partie de ces formations aguerries, biberonnées au live et au rock authentique, qui donnent tout sur les planches et servent des prestations de haute volée. Comme ce soir, pour le plus grand bonheur d’un public conquis et de ses écoutilles.
Magistral, avant que The Legendary Tigerman n’apporte à la soirée le dernier coup de semonce, griffu et velouté, à l’impact décuplé, donc, par son acolyte frappeur. Le portugais au répertoire blues-rock sensuel et mordant signant du coup un concert plus probant encore qu’à l’accoutumée, assorti de parties de gratte aussi sobres qu’impactantes. Les morceaux de son sublime Femina, avec à l’écran, derrière lui, les visages de celles qui l’accompagnèrent sur ledit opus, dont Lisa Kekaula des Bellrays, ajoutant à l’intensité du moment, couplés bien sûr aux titres des autres disques. On en reste bouché bée, le duo est cohérent à l’extrême, la cadence est bien entendu plus vive et marquée qu’avant et le contenu s’en ressent plus que positivement. Paulo se fendant de poses et interventions du plus bel effet, dans la communion avec son auditoire. Tant et si bien qu’on redemande, dans l’euphorie face à ce grand moment de rock sans concessions aucune, qui verra le bonhomme finir perché sur la batterie à célébrer…le rock’n’roll bien évidemment, avec la participation vocale de quelques membres du public isarien.
Rien à redire donc, l’événement du soir trouvant incontestablement sa place dans les temps forts -c’est le moins que l’on puisse dire- d’une saison une fois de plus chargée et qualitative.
Photos William Dumont.