Performant avec Tue-Loup (9, datant de 2012, s’avérant très bon), Xavier Plumas pratique aussi en solo (La gueule du cougar, 2009) ou de pair avec d’autres projets tel Fulbert.
Cette fois, c’est seul mais aidé du guitariste de Tue-Loup (lequel ne joue ici que basse et claviers), ainsi que du batteur Thomas Belhom (Tindersticks, Amor Belhom Duo) qu’il officie et couche ses émois sur bande avec un certain sens de l’approche, et de l’accroche, qui peuvent en certaines circonstances captiver, s’emparer de l’auditeur, autant que lasser en raison de leur parti-pris posé. L’usage du Français domine mais l’ensemble se pare de beaux essais en Anglais, aussi feutrés que gentiment tourmentés (Crazy painter), et gagne à l’occasion en nerf (Activité, dommage qu’on ne décèle sur l’album que peu de ces morceaux plus enfiévrés). Le verbe est cependant adroit, l’ornement sobre et juste et Plumas a l’art de rendre le trouble vivable. Le propos est beau, L’aube puis Chevet plantent un décor à la finesse digne des Tindersticks dont est justement issu le batteur sollicité pour l’occasion. Incendie joue aussi bien avec les mots qu’avec les maux, singe le tourment en le parant d’une quasi joie mêlée à des élans, dans l’instrumentation, obscurs. Bienvenues, ces incrustes assombries donnent du cachet à l’oeuvre, à l’instar des voix associées de 10 000 vies, par exemple.
Le cabinet vaudou des curiosités d’Adèle est un album insidieux, riche d’une foule de détails en apparence insignifiants mais qui font la différence, habité aussi, sous-tendu (Trêve). Beau aussi, au milieu du désarroi « enchanté » de son auteur (De rien n’était), et conclu par ce Frottements liquides lui aussi décoré par des sonorités à la fois fines et presque inquiétantes, et un rythme qui s’épaissit sur les deux dernières minutes, un arrière-plan qui se fait sauvage en gardant sa superbe. Le procédé est -trop- épars mais concluant, à l’image d’un contenu parfois prenant, stylé. Tout comme les ouvrages, d’ailleurs, de Tue-Loup.