Existant depuis 1974, le Half Japanese des frères Fair sort avec Overjoyed son premier album depuis treize ans. Il s’y écarte bien sur des canons de la musique actuelle (le groupe n’a jamais fait dans la norme, loin s’en faut et c’est ce qui fait son attrait) mais se montre étonnamment accessible en comparaison de ses oeuvres passées. Le résultat, au douze titres porteurs d’une folie à la The Fall (Do it nation), est brillant, indispensable même à tous les amateurs de rock décalé et insoumis. In its pull montre la voie, la voix aussi, ça groove d’emblée tout en se montrant sauvage, un peu à la The Ex aussi. Meant to be that way et ses sons fous, cosmiques, alliés à une cadence vivace, transforme l’essai avec, déjà, ses inflexions à la Mark E.Smith, en légèrement moins « aboyeur », dans le chant.
L’album est un régal, Brave enough instaure même des plans dépaysants du plus bel effet et la maîtrise, le niveau élevé des compos surprend et enthousiasme. Nullement essoufflé, Half Japanese botte le cul de la pléthore de jeunots prétentieux et prétendument rock d’ici et d’ailleurs, se permet même de faire dans le « sentimental » sur le climatique The time is now. Our love riffe ensuite fatalement, la cohérence de l’instrumentation fait mouche, entre basses groovy et guitares bourrues ou plus claires. On ne s’en étonne pas mais on prend et on en redemande, les essais plus « sages » (Each other’s arms, un superbe We are sure) passant comme une lettre à la poste au milieu des nombreux coups de sang trouvés ici (Shining star, l’énorme Overjoyed and thankful et ses incursions psyché).
C’est d’ailleurs sur un ton plus léger (quoique..) que la légende termine, avec As good can be, fait d’une pop déviante, et Tiger eyes qui calme sensiblement le jeu pour achever dans l’élégance un opus de taille, où Half Japanese surprend tout en restant lui-même, dans l’optique DIY qui le caractérise.