D’un premier opus paru chez Prikosnovénie aux accents « indus/world » à un Everything must change sorti lui en 2005, plus strictement oriental et un brin moins captivant, les nantais d’Orange Bossom prennent le temps de bien faire, d’évoluer, de se réinventer et, changeant constamment de vocaliste sans jamais « foirer », sortent après une longue attente ce Under the shade of violets qui les voit, une fois de plus, faire mouche et frapper juste en positionnant parfaitement leur univers entre élans world donc, electro et coups de semonce rock.
Cette fois c’est Hend Ahmed, « dégotée » au Caire en Egypte, qui se distingue au micro et saupoudre le répertoire de la paire fondatrice (Carlos Robles Arenas, percussioniste endiablé et PJ Chabot, l’homme au violon fou) de mélopées qui envoûtent (Ya sidi), après le Ommaty d’abord posé, presque majestueux, puis plus nerveux, plus impétueux, qui ouvre la marche ou plutôt, le périple. Soniquement, dans les climats, dans le jeu, raffiné et/ou orageux, Orange Blossom se hisse à un niveau plus qu’estimable qu’un Lost à la lente montée en puissance, jusqu’à une fin rock ornée par le violon de PJ, renforce en faisant irrémédiablement mouche.
Envoûtant, le disque fait en quelque sorte la synthèse, aboutie, des tendances explorées par le groupe depuis ses débuts, regagne en tranchant sans perdre en élégance et livre dans la foulée, après le Ya sidi cité plus haut, un Pitcha qui, lui, débute d’emblée de façon soutenue, allie dépaysement habituel avec Orange Blossom, finesse poppy et dernières minutes agitées que pour le coup, après l’instrument de PJ, les percus…percutantes de Robles animent avec brio. Le chant de Hend accompagnant avec classe et intensité ces variations d’atmosphères bien amenées. Jerusalem pousse ensuite très loin le trip « mondial », fait preuve comme beaucoup d’autres chansons d’une musicalité extrême. C’est beau autant que prenant et on songe un instant aux efforts d’une Natacha Atlas, ou donc de Transglobal Underground, à l’occasion de Good bye Kô, avec la cadence alerte qui « va bien » et permet de ne pas sombrer dans un climat trop inerte. Mexico, dans la foulée, impose une partie chantée en Français, ne décolle pas trop mais porte de beaux cuivres et trouve sa place sans efforts dans l’ensemble, en se faisant plus soutenu en sa fin. Mexicanisant, le morceau précède The nubian, saccadé, obsédant, aux airs de « rock arabisant » du plus bel effet, aussi dur que symphonique, à la fin carrément puissante.
Dur de se défaire de l’emprise d’un tel essai, d’autant que Black box en remet une couche dans l’intensité rock tribal et métissé, avec le même succès que le titre précédent. Cohérente, unie, la « clique » Orange Blossom balance ici une touche funky, dans les grattes, bien dans le ton de son univers. On s’en remet à peine que des percus trépidantes lancent Pink man, alliées aux cordes du sieur Chabot et à l’organe de Hend. L’unité est saisissante, le morceau achève de faire de l’opus un must de l’année en cours, breake habilement et repart plein pot. Superbe, avant la fin qui tient en un Aqua où les percus, une fois encore, tiennent le haut du pavé, pour une sorte de transe tribale endiablée, qui stoppe son élans quelques instants avant de relancer la machine avec la même énergie.
En conclusion vigoureuse et entêtante, donc, à un effort de qualité supérieure, qui voit Orange Blossom opérer un retour qui, s’il se fit attendre, présente un groupe au sommet de son art ou presque tant on le sait, après ce coup de maître, capable de surprendre à nouveau.