Belge, liegeois plus précisément, Leaf House a le mérite, à l’instar de bon nombre de ses semblables du pays, de dévier et de sortir des sentiers battus, s’adonnant à une sorte de pop tropicale et expérimentale qui lui donne un certain cachet, accentué par ce second album studio. Qui débute d’ailleurs bien avec Dancing shades, acidulé, dépaysant tout en restant dans une certaine douceur. Douceur dont s’écartera l’excellent Feel safe, griffé par des guitares agressives et qui vient parfaire un début probant. Imaginatif bien qu’exigeant dans son approche, Leaf House demande un effort d’adaptation mais tutoie les sommets quand il mêle, comme ici, rudesse et élans chatoyants étayés par des sons cosmiques et inventifs. Rêveur, aussi, son territoire berce et transporte, se fait presque aquatique (Go outside), recourt autant à la folk tordue qu’à l’indietronica sans pour autant qu’on puisse le cibler. On en apprécie les sautes d’humeur (By the flood) tout comme on peut décrocher devant les quelques instants plus linéaires, heureusement moins nombreux, qui parsèment l’album.
Celui-ci donne parfois, d’ailleurs, l’impression de sombrer dans une quiétude barbante, mais l’effet est trompeur et des compositions comme Kind of flames démontrent qu’au contraire, ses humeurs sont changeantes et ajustées. Comme pour toute oeuvre novatrice, il importe d’ « aller chercher » le contenu, qui en live doit faire son effet et charme sur ce disque par son non-choix entre velours et mordant occasionnel, par ses penchants presque enjoués et ses brèves plages dream-pop (Four walls sur son amorce), son souci de ne pas emprunter des chemins battus et rebattus. On aimerait toutefois qu’il s’enhardisse plus souvent, sorte de cette retenue aérienne quoiqu’agitée (Not that sad) et change moins souvent d’orientation. Mais à force d’écoutes, la magie opère, l’envoûtement guette.
Ainsi, Now there, now gone instaure une dream-pop vaporeuse qui fait effet, un peu trop retenue, cependant, à mon goût. Et en fin de parcours, un Cat mum aux mêmes effets contrastés (accroche nette/sentiment de prudence « sonique » malgré une recette audacieuse) met un terme à l’opus, souvent séduisant mais qui gagnerait, peut-être, à se faire plus encanaillé encore.