Regorgeant d’idées, et de groupes, plus que louables, le festival « Musiques de jazz et d’ailleurs » d’Amiens, dans la foulée de Slow Joe & the Ginger Accident la veille, faisait encore ce jeudi dans le singulier puisque cette fois et dans un autre cadre avenant (La Lune des Pirates), Ironing Board Sam y faisait escale après un apéro-rencontre qui lui était consacré.
Showman de folie, pianiste virtuose mais jamais trop démonstratif, épaulé tout comme Slow Joe, d’ailleurs, par trois musiciens Français à la dextérité non feinte, dont un Simon Arcache à la guitare captivante, le bonhomme de Caroline du Sud installé depuis un moment à la Nouvelle Orléans, qu’il honore grandement lors de ses shows et qui l’affuble du titre de « huitième merveille du monde musical », s’est fendu d’un spectacle tout bonnement époustouflant. Entre boogie-woogie, gospel, « souljazzfunk » et mordant rock’n’roll occasionnel, le tout en twistant de telle manière que toute la Lune ou presque s’est mise à se trémousser au son de ce quatuor, et de cet individu, performants et, le concernant plus directement, modestement charismatique. Reprises solo (Somewhere over the rainbow de Harold Arlen et E.Y. Harburg, par exemple), compos posées ou encanaillées, voix chaude et puissante, bonne humeur constante générant un concert de plus de deux heures, endiablé, aussi feutré qu’impactant, qu’un intermède viendra ponctuer sans en altérer la qualité, de toute façon imprenable. Un temps fort qu’on vit plus qu’on ne décrit, suivi par une « Lune » bien garnie et plébiscité en toute logique par une assistance que l’on peut considérer comme privilégiée d’avoir pu prendre part à un tel concert. En l’honneur donc d’une musique noire américaine que l’homme au costume violet, distingué en plus de ses vertus de musicien génial et d’homme attachant, mit en avant, pour le coup, avec un talent, et une passion, renversants.
Photos William Dumont.