Pour l’ ouverture de son édition 2014, le Musiques de Jazz et d’Ailleurs d’Amiens avait le bonheur d’accueillir Slow Joe & the Ginger Accident, dont je connaissais déjà la valeur pour l’avoir vu deux fois sur les planches. Ce qui ne n’a pas empêché la clique lyonnaise et son mythique chanteur venu d’Inde, malgré un état parfois préoccupant, de nous jouer une nouvelle fois un set de grande classe. Le tout dans l’espace, magnifique, du Cloître Dewailly.
Mais avant cela, rendons hommage à l’excellente collaboration entre Bukatribe et Big Funk Brass, capables de jouer après seulement trois jours de résidence commune un concert saisissant, entre perf’ vocale et embardées de cuivres, du plus bel effet. Hip-hop, reggae, soul passés au filtre d’un section « cuivrée », donc, permettant un résultat inédit, d’un haut niveau et plein de feeling, dédié à un métissage auquel les deux entités, séparément ou réunies, ont largement fait honneur. Comme quoi les castes devraient bien plus souvent se rassembler et oeuvrer de pair…
Le métissage, c’est justement le mot d’ordre avec Slow Joe, chanteur septuagénaire à la classe abîmée dont on peut que s’enticher, accompagné donc par ses Ginger Accident qui servent d’écrin parfait, entre rock, pop, élans blues ou funky et ryhthm’n’ blues, à son chant tantôt crooner, tantôt plus enlevé. Il va sans dire que la « collision » des partie en présence accouche d’un résultat inédit, tranchant et/ou velouté, inspiré de façon dominante, dans le texte, par l’amour déchu. Superbe initiative de Cédric de la Chapelle, leader et guitariste du groupe, d’amener dans ses bagages il y a de cela quelques années cet homme touchant, à la présence et à l’organe presque magnétiques. Et superbe amorce, idéale et singulière, à base de « psychedelic crooning »pour un festival de jazz bien lancé…
Photos William Dumont.