Un premier opus éponyme, datant de 2010, et des scènes incandescentes, l’avaient prouvé: Corleone, trio garage-pop (pour les situer péniblement) unissant Armand Gonzalez, ex-Sloy et actuel 69, et la rythmique de Dionysos, tournait à plein régime et était parvenu, en toute légitimité, à trouver sa place dans le paysage rock d’ici.
A l’heure d’Acid, nouvel album forcément attendu eu égard au pedigree des trois hommes, on raccourcit le propos (« seulement » huit titres mais pas des moindres), mais on réitère cette douce folie à la croisée de la première formation d’Armand, de la fantaisie de Dionysos et des écarts vocaux et stylistiques d’un Devo ou d’un Gang of Four. Le tout avec la rudesse et le groove implacable que fait ressurgir Acid, titre d’ouverture déjà efficient à souhait, qu’affole la voix à part d’Armand, ses fresques guitaristiques et la cadence elle aussi implacable concoctée par ses plus que solides acolytes.
Inutile de tergiverser, à aucun moment la qualité ne s’affaissera et Cobb impulse une pop à la fois finaude et sonique. Les trois garnements font du bruit, le font avec une sacrée mainmise et rendent ce boucan mélodieux et encanaillé, entre folie et mélodie donc et sans jamais réellement faire dans le normé. On s’en contente amplement, Stop the train et ses élans presque euphorisants à la Bewitched Hands, ses gimmicks sonores dont Armand détient le secret, validant la valeur d’un disque dont a d’ores et déjà compris qu’il malmènera le reste des sorties simultanées. Shock peut ensuite instaurer une trame bluesy plus leste, le tour est joué et Corleone a l’art de trouver le riff qui flingue, la mélodie qui reste en tête, les sonorités qui quittent la route. On est heureux, cela va sans dire, de trouver ensuite un fonceur Anatomica, plus directement garage, puis un Run people run plus saccadé et aussi énorme. On ne trouvera ici aucun creux, chaque titre est au top.
Ainsi, la basse entêtante de The show, ses voix associées, son groove aux relents funky, atteignent facilement la cible, imités en cela par Monk qui se fait plus cosmique dans perdre de l’impact sonore qui démarque Corleone, auteur une fois encore d’un album de première classe. Qui, outre le plaisir de son écoute, étendra de façon appréciable la portée live de ses géniteurs.