Huitième album pour Spoon, qui fait suite à une pause prolongée dont le résultat assez brillant, entre acidité rock et feeling presque soul, avec ça et là quelques belles zébrures expérimentales (l’excellent Knock knock knock), atténuera l’effet négatif.
They want my soul, ledit disque, démarre d’ailleurs par un titre fort, Rent I pay, avec une batterie martiale et un joli dosage entre rock à vif et sons plus doux. L’entrée en matière est donc bonne, un clavier étoffe le tout sobrement et dans la foulée, un presque soul Inside out calme le jeu sans trop dénaturer la force de frappe des Américains (dommage tout même, on les aurait volontiers et bien vus poursuivre maintenir la tension). On retrouve un allant pop-rock à la fois stylé et acéré avec Rainy taxi et de toute évidence, c’est là qu’on préférera le groupe, dans son acidité vivace et élégante. La folk-rock de Do you, avant le Knock knock knock phare cité plus haut, se montrant elle aussi de qualité. Des guitares de belle facture l’ornent, puis Outlier s’invite à la liste ds réussites, dans l’option pop racée, vive, dépaysante et dotée d’un je ne sais quoi de psyché.
Bien pensé, avant un nouveau morceau cadencé, They want my soul (ils ne l’auront pas, Spoon se la garde précieusement comme source d’inspiration), rock et riffeur, d’un niveau élevé. On revient ensuite à un tempo leste sur I just don’t understand, taillé dans une folk acidulée, aux sons encore une fois inventifs qui s’incrustent presque comme par mégarde dans le tableau sonore.
Plus loin et pour finir, Let me be mine réinstaure ces penchants folk vifs, mâtines de pop et de rock. Spoon sait y faire, impose son style gentiment déviant, assez cependant pour convaincre et ne pas ennuyer, et a la bonne idée de remettre le couvert pop-rock sur le terminal New York kiss, que des synthés bavards (et parfois trop présents sur l’opus) portent, couplés à des guitares souvent tranchantes. Avec pour effet final de souligner la valeur d’un album à l’issue duquel on ne ramassera pas Spoon à la petite cuillère, fut-ce après huit albums, déjà, qui ne révolutionnent certes pas le rock mais le dotent en tout cas d’essais régulièrement plaisants.