Suite à un premier single aussi dépaysant qu’indéfinissable et qui, dans le même temps, laissait poindre un univers singulier, C’Mon Tigre sort sans plus tarder son premier album, fait d’une sorte de jazz cuivré, africanisant, qui génère le voyage (A world of wonder) et s’appuie sur une musicalité affirmée, profonde sans sonner surchargé.
S’ensuit une patte certaine, des morceaux qui ne se livrent pas de suite mais exigent qu’on les visite à plusieurs reprises pour finalement embarquer l’auditeur dans un trip prolongé, instauré dès Rabat, le bien nommé morceau inaugural. S’y adjoint une coolitude elle aussi très jazzy (Fan for a twenty years old human being), un chant non moins détendu, des guitares à la rudesse caressante (ça existe oui). Ca ronronne peut-être un peu trop, December ne décolle pas plus dans ses humeurs mais les contours d’une identité naissante sont maintenant clairs.
Tiens, les huit minutes de Commute s’agitent, sèment le trouble de façon appréciable dans la sérénité qui habitait alors l’album. Un break vient ensuite calmer l’embardée mais l’initiative est louable et diversifie le contenu. Un excellent Life as a preened tuxedo jacket aux riffs rock, saccadé, groove et renforce cet essai éponyme, l’inclusion d’une electro sombre s’avérant être une belle idée. Puis c’est un Building society en deux volets (The great collapse et son jazz insuffisamment free puis Renovation, plus feutré mais porteur d’une cadence assénée) qui assied les prétentions de C’Mon Tigre, comparable à aucun autre dans cette démarche décalée. La fin du disque, avec dans un premier temps Welcome back monkeys et ses touches funky, ses guitares bluesy/surf puis Malta (The bird and the bear), aux airs de fanfare façon Kusturica, le tout dans une « flemmarderie » communicative qui imprègne l’opus dans son intégralité et deviendrait presque une marque de fabrique, confirmant les bonnes dispositions d’un groupe, ou plutôt d’un collectif, déjà méritoire dans ses investigations stylistiques.