On connait les soirées de lancement de saison l’Ouvre-Boite de Beauvais, gratuites et qui plus est musicalement irréprochables et pour celle dédiée à la prog’ 2014-2015, il était impératif d’être présent puisque le tourangeau Boogers y était « convoqué », quatre ans après sa mémorable ouverture pour Hey Hey My My, avec dans ses bagages la fratrie Ropoporose, superbe ouverture du soir dans un registre noisy/lo-fi qui n’exclut pas la rêverie, savamment orchestré par une Kim Gordon de poche et son frère, le tout dans une complicité émouvante.
Bien belle révélation que ce duo de Vendôme (tiens, on y trouve aussi et par exemple Lionel Laquerrière, qui accompagne la paire sur le plan sonique et instrumental, et par extension Nestorisbianca, et c’est aussi là que se tiennent les fameuses Rockomotives…), Pauline Benard et son frère Romain créant de superbes vignettes sonores, posées (40 slates) ou bien plus écorchées, le tout à base de boucles, de batterie jouée par les deux intervenants et de guitares Sonic comme l’est cette jeunesse décidément inventive. On tombe vite sous le charme du chant ou plutôt des chants, de la modestie de ces deux-là et au delà de cela, de leur registre captivant, jalonné par des réussites éclatantes tel Empy headed, entêtant et de haut niveau. Aussi pensée que bricolée, la zik de Ropoporose pourrait bien, un jour, les rendre grands et aura en tout cas créé la surprise et généré une bien belle trouvaille, enjôleuse et encanaillée à la fois. Un album étant, notez-le bien sur vos tablettes, actuellement en préparation.
A l’issue de cette ouverture probante, voilà que le trublion Boogers débarque avec son sac à dos de routard égaré et provoque, d’emblée, une queue leu-leu dans le public du Barasca, mettant d’entrée de jeu l’assistance isarienne dans les bonnes dispositions et dans sa poche, ensuite, par le biais d’une impeccable collection de morceaux eux aussi « maison », entre pop, rock et electro, assortis d’un bel enchaînement de vannes elles aussi « home made ». Son rock à mi-chemin de Weezer « première ère » et de Beck, pour situer approximativement, générant une palanquée de tubes que viendront étayer trois reprises: Where is my mind des Pixies, Hurt de Johnny Cash, joué speed, puis une hallucinante cover du Get up, stand up de Bob Marley, muée en un formidable essai electro-noise. Aussi génial que pour sa dernière venue, Boogers fait un carton, allie musique de haute volée, pop et rock certes mais très ouverte à d’autres courants tel le reggae, et one man show mémorable. On s’en régale, ses poses et mimiques intensifient un temps fort que visiblement, il vit avec passion et auto-dérision. Pour, à l’arriver, signer un set de haute volée, au terme duquel aucun spectateur n’aura à regretter, loin s’en faut, son déplacement. Lançant ainsi parfaitement une nouvelle saison riche en promesses et en groupes de choix, dans un éclectisme de nature à satisfaire tout un chacun.
Photos William Dumont.