Positivement accroc aux « ziks » déviantes à base, souvent de hip-hop mêlé à d’autres courants, le label Dora Dorovitch nous sert cette fois un split magnifique qui unit Drones, formation rap indé de Richmond, en Virginie, et Rickolus, issu de Floride et qui fait, lui, dans la folk champêtre elle aussi luxuriante.
On en prend donc plein les mirettes sur les dix titres du disque commun, Drones ayant l’honneur d’ouvrir avec ses cinq titres inaugurés par un Help is on the way d’obédience strictement folk, dénudé et d’une pureté surprenante, qui trouve son prolongement plus « agité », et tout aussi sincère, avec x-47 pegasus, folk/hip-hop animé par un rythme electro discret. L’envoûtement est total, le propos exhale un ressenti profond et I am not a plane, majestueux, impose un mix electro/hip-hop « cordé » avec soin aux vagues relents shoegaze. Des sursauts soniques et soniques portent le morceau vers les sommets, puis soCEOpathic transporte par le truchement d’une trame dépaysante, instrumentalement flamboyante et valorisée, aussi, par l’organe de Swordplay le rapper. Notons aussi l’impeccable production, Drones concluant sa partie sur ce Coke cans à l’éclat folk vivace, orné par une acoustique splendide ainsi qu’un rythme aussi effacé qu’insistant.
A l’issue de ces plages qui marquent, Rickolus livre à son tour un ouvrage racé, avec un Rivers & lakes, part one taillé dans la folk la plus authentique, vivace et chantée avec classe, décorée avec autant de brio par un violon et un basson. Le rendu est merveilleux et jamais ennuyeux -presqu’une prouesse dans ledit créneau-, le projet de Rick Colado étendant magiquement le champ d’action de l’opus. Part two est dans la même veine, de façon moins « fervente » cependant mais sans pour autant baisser en qualité, et le basson ouvre avec maestria un Part three fort du même panache vocal et instrumental, qui transpire la vérité et dégage des penchants très « coin du feu » qui font voyager spirituellement. Ce sera aussi le cas sur Part four, le trio démontrant une belle unité dans ses compos. Part five mettant un terme au split sous l’impulsion de ce basson décidément décisif, aux motifs entêtants, parfaitement couplé à un violon, et un chant, non moins superbes, ainsi qu’à une guitare jouée avec autant d’ « économie » que de justesse.
A l’image d’un travail commun surprenant de cohérence, véritable référence en matière d’ouverture d’esprit et musicale.