Surprise d’il y a deux ans avec Tantale, les Canadiens de Monogrenade récidivent avec Composite, nouvel album tout aussi léger, parfois trop même, quand bien même ce parti pris délié et mélodique dévoile une belle capacité à envoûter.
Animé par une électro discrète, l’opus s’enhardit parfois (la fin de Cercles et pentagones, par ailleurs excellent avec sa basse obsédante), fait dans le cosmique à la Radiohead, bien troussé mais peut-être un peu trop répété (Composite, après une intro, comme bon nombre d’autres, contournable). Il se drape dans des cordes elles aussi légères et si la recette a déjà été mise en place ailleurs, elle engendre de belles réussites, tel L’aimant. Le chant, presque susurré, fait son effet, l’association d’un organe féminin sur le très bon Labyrinthe aussi. La vivacité de certains titres permet d’ailleurs à l’ensemble de ne pas lasser, ainsi l’acoustique alerte de J’attends l’étaye avec à propos.
On s’y laisse donc prendre, même si on attendra en vain l’explosion, que le groupe s’extirpe d’une sagesse certes porteuse, mais un brin récurrente. Pourtant, on appréciera ensuite et autant Métropolis, son break sombre, et on se rendra à l’évidence: Composite est un album qui petit à petit gagne son auditeur. Phaeton, par exemple, se démarque en instaurant une embardée elle aussi « dark », qui dure, dommage, trop peu et si on revient dans la foulée au canevas caractéristique des Montrealais sur Tes yeux, le charme opère. Le fantôme, en conclusion, faisant dans le dépouillé légèrement expérimental avec un certain brio pour mettre fin à un disque cohérent, qui confirme dans le même temps l’identité et le savoir-faire de Monogrenade, par ailleurs séduisant dans son apport instrumental (un cor français joué par Pietro Amato (The Luyas, Arcade Fire) est inclus, l’usage de synthés à l’ancienne fait mouche) et dans les thématiques narrées par la voix aérienne de Jean-Michel Pigeon.