Machine à « tuber », fan de Weezer dont il possède depuis longtemps l’élan mélodique, Boogers en est avec Running in the flame à son troisième opus, après les déjà très réussis As clean as possible et More better.
Hétéroclite et cohérent comme tout ce qu’il entreprend en dépit du délire qui caractérise son ouvrage, l’opus livre un reggae non ennuyeux (exploit!) intitulé Oh my love), un essai country-blues de tout premier ordre (Goin’ downtown, feutré puis speedé), et d’emblée, deux standards pop-rock bricolés dont il détient toujours le secret, les imparables Nerves et The big summer. Le premier assez direct, le second plus modéré mais tout aussi prenant, aux chants qui se répondent. C’est « trop bon », le tourangeau n’a « rien perdu » comme on se plait à le dire dans le monde footballistique, et un court Showtime assène ensuite ses mélodies, parfaites, passées au filtre d’un rock lo-fi dans l’esprit.
Running in the flame impose après cela une belle acoustique cuivrée, d’obédience folk, venant parfaire un disque auquel on est déjà attaché, puis Dis-moi pourquoi et son chant en Français envoie la sauce punk-rock façon Wampas avec brio. Aucune erreur n’est à déplorer, le bricolage sonore est comme toujours abouti et touche autant à la pop et au rock (souvent) qu’à la folk ou à la lo-fi. Le côté brut des guitares (She said no), l’option rock vivace, rend le tout meilleur encore, jamais ennuyeux, loin s’en faut. You don’t know, presque psyché, lancinant et animé par de discrets sons noisy à la Sonic Youth, et enfin Don’t want me, sorte d’electro/pop des plus réussies, aux motifs entêtants, venant conclure et étayer le nouveau coup d’éclat d’un artiste solo qui se prépare déjà, d’ailleurs, à venir nous réjouir de ses pitreries scéniques dont nous raffolons tous.