Fruit de la rencontre entre Arthur S , débarqué du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris avec moultes distinctions, et Le Professeur Inlassable qui lui se distingue aux platines en samplant et triturant voix et sons, Arthur S & le Professeur Inlassable forment une paire créative, qui convoque le passé pour le confronter à la modernité. Le tout avec talent et en mode soul largement supportable, racée, jalonnée à l’occasion d’éléments electro par exemple, ou encore rock et hip-hop (un groovy Not name avec Tom Renié au chant) voire jazzy.
Drummers & gunners, l’album qui résulte de ladite démarche, est de ce fait unique, à classer si besoin était entre Orange Blossom et CongopunQ pour l’esprit d’ouverture et l’incroyable capacité du duo à générer « autre chose ». Fire, nerveux et stylé dans le même élan, envoie une electro délicieusement roborative mâtinée de touches jazz et balafrée par des riffs sévères. Génial, le « mix » fonctionne à plein et on se prend ledit titre en pleine face, également joliment cuivré. On est dès lors dans de bonnes dispositions et Distant place (feat. Dom Farkas) impose après ça une soul veloutée et largement audible, à mille lieues de l’irritation parfois générée par le genre. Puis le groove de Tender ladies (feat. Marcos Adam) vient parfaire un début d’album aux allures de sans fautes total. L’éponyme Drummers & gunners offre lui un hip-hop vif, jonché de sons qui incitent au trémoussement et porté par la voix remarquable de Gabriel Gorman, Tell me how le suit sur une note soul/jazz des plus racées, ornée avec un sacré panache.
Dom Farkas réintervient ensuite pour Soon on the moon, où il se distingue par son timbre à l’ancienne, feutré, crooner, greffé à un arrière-plan jazzy sobre. Run to…se fait plus dépouillé encore, remplit l’espace avec trois fois rien et un brin de psychédélisme, un Desert qui nous laisse ensuite sur notre faim, inachevé, le suit. Blackgold recourt sur son intro à des sons infantiles, puis verse dans une electro-soul diablement bien troussée, vivace et comme de coutume avenante.
A l’issue, Eleven et ses expérimentations jazzy, suivies d’un bonus track intitulé I love you, aux effluves jazz justement, à l’organe prenant, conclut de façon…concluante un disque remarquable en tous points.