Marie-Flore. Affublée d’un tel prénom, la Demoiselle pourrait vite faire fuir, assimilée à une chanson française des plus mièvre et larmoyante.
Il n’en est rien, ledit prénom résulte d’un hommage à la chanson de Joan Baez et le parcours de Marie-Flore tient dans la rencontre et la collaboration (premières parties de Pete Doherty, écriture pour Stuck in the Sound, créations musicales avec Roger O’Donnell des Cure, participation de Gregg Foreman -guitariste de Cat Power– à Feathered with daggers sur l’album décrit ici, complicité musicale avec Maud-Elisa Mandeau alias Le Prince Miaou). Marie-Flore voue de plus une adoration sans bornes au Brian Jonestown Massacre et au Velvet Underground et signe un album racé, délicat mais vivant, aux dix titres sans failles et d’un bel éclat aux reflets mélancoliques.
D’obédience pop, « soft » ou plus vive (Number them, en ouverture, alterne habilement les deux tendances et inaugure donc l’opus avec brio), By the dozen surprend, envoûte presque vocalement et musicalement, plante des climats aériens à l’ornement exempt d’excès (Feathered with daggers). Marie-Flore met de l’intensité dans son apparente sérénité. All mine instaure ce même trouble vocal, l’organe est stylé, le contenu délié et mélodiquement irréprochable. Les envolées sont rares mais bien amenées, on demeure d’ailleurs dans une certaine délicatesse, chatoyante et un brin charmeuse dans son allégorie, sur Shifting sand. L’opus est cohérent, jamais dispersé, le tempo se fait plus vivace le temps d’un Fancy me? pop-rock des plus accomplis. Dommage, de fait, qu’on ne trouve ces élans plus mordants que par intermittence, mais la valeur des morceaux compense ce léger manque. C’est le cas avec By the dozen et l’unicité de la copie tient, peut-être, dans le fait qu’elle retrace les jalons d’un amour « autrefois » voué à une muse masculine. La passionnée qu’est Marie-Flore y trouve de toute évidence une inspiration conséquente et le traduit à nouveau brillamment sur Loud dark crowd, mid-tempo aux guitares à la Elysian Fields, éparses mais acidulées, des synthés « dark » complétant judicieusement le tableau.
Dans l’élan, le groove quasi-jazzy d’Empty walls, ses motifs réitérés, prolongent l’effet. La parisienne est bien accompagnée, elle fait dans une douceur trompeuse, Sybillin king et ses cordes de choix envahit l’espace.
Enfin, Nikolaj the second, entraînant mais dont les breaks calment le jeu, conclut superbement, dans une veine pop savamment orchestrée, un bien beau disque qu’on risque fort d’écouter « By the dozen ».