Projet instigué par Grégoire Fray, Thot compte déjà deux albums et eux ep’s, ainsi que des remixes à l’attention de plusieurs grands noms (Nine Inch Nails, Justice, Depeche Mode ou encore Amen Ra), et évolue dans ce qu’il appelle une « vegetal noise music », assez largement réminiscente de Reznor and Co.
A l’image de ce que fait ce dernier d’ailleurs, ce nouvel opus, The city that disappears, est inégal ou, plutôt, sans réelles surprises bien que ses morceaux, dans les pas d’un HTRZ assez rageur, soient loin de démériter. Le hic, c’est qu’il se dégage de l’ensemble une impression de déjà fait et si Rhythm.Hope.Answers confirme un contenu honnête, ce sentiment perdurera jusqu’aux derniers instants de la rondelle, forte de huit titres. On passe de titres remontés en accalmies élégantes (Keepers) ou plus bruitistes (Dédale qui lui et à l’instar de son prédécesseur élargit le champ d’action du groupe). Claviers tous azimuts, guitares tout terrain, chant sensuel ou plus belliqueux, rythmes indus et séquences electro, tout y est mais le tout lasse, trop peu -à mon goût- singulier, encore trop influencé et ne venant que s’ajouter, de ce fait, à la déjà longue liste des productions indus disponibles. Le climat gentiment tourmenté de Blank street n’est pas foncièrement déplaisant, Negative buildings et ses pulsations electro récurrentes non plus, mais ça décolle peu. On reste un peu sur sa faim, d’autant que la mélancolie prévisible préside sur Traces, malmenée toutefois par des sons bien pensés.
Au moment de conclure, tiens, l’excellent Citizen pain, plus ouvertement colérique, plus cadencé et moins perdu dans les entrelacs de sons et de cadences, fait lui sensation, en dépit d’une fin longuette. On en déplore d’autant plus la rareté de ces moments enflammés, qui en nombre auraient fait de l’album en question une bonne réalisation, à laquelle on serait revenu de façon régulière jeter une oreille voire les deux. Faute de quoi, The city that disappears risque de faire décrocher, la mouvance y étant liée ayant de surcroît trouvé ses limites et ne suscitant guère plus, même chez les « monstres » que sont Ministry et Nine Inch Nails, ou Treponem Pal par chez nous, de réelle excitation.