Autoproclamé producteur hip-hop, Paul White le londonien n’en est pas moins doué dans ses efforts solo, qu’il alimente entant que chanteur, producteur bien sûr et multi-instrumentiste. Shaker notes, l’album en présence, est déjà son quatrième dans ce cadre et recèle une electro sombre, musicale et dépaysante (Where you gonna go, suivi d’un Honey cats aux légères teintes dub, tout aussi « transporteur »). Son chant sensible ou distant se greffe parfaitement aux trames élaborées, il en prend même parfois le contre-pied et All we know, premier véritable morceau de l’opus, flotte entre les nuages, doté d’un penchant spatial adroitement décoré, avec des sons presque jazzy.
White surpend, ME surprend car au contraire de bon nombres d’autres, je le découvre et me plait à « décoller » au son de ses plages barrées (on pense même aux Young Gods les plus haut perchés sur l’amorce de Wait and see), délibérément célestes (c’est aussi le cas de l’excellent Running on a rainy day) et souvent lancinantes, prenantes au possible.
L’effet est conséquent, son mix de trip-hop et d’electro, jalonné par des sonorités incroyables, des cuivres déchirés (Fighting to dance), fait mieux que tenir la route. La cohérence est elle aussi étonnante, à vrai dire on s’envole au fur et à mesure, de plus en plus, au fil de l’écoute et si Is it up to us semble nous avoir emmené le plus haut qui puisse être, , les trois réalisations terminales vont prolonger le trip, à commencer par Sitting in circles, à la musicalité encore une fois géniale, venue d’ailleurs, avec l’instant suivant ce Numbers of change plus rythmé, qui réitère ses motifs à l’envie et crée ainsi l’obsession. Shaker notes se chargeant d’apporter la touche finale, lente et floue, à une oeuvre délibérément personnelle, intéressante de son début jusqu’à ses derniers instants.