Découverts par le biais d’une compil’ de rock lillois reçue il y a peu, les lillois de Blindhorses évoluent talentueusement dans un univers cuivré à la Calexico ou Giant Sand, classieux même si bien évidemment influencé.
Le « plus », c’est que les sources sont ici bien assimilées, le propos constamment éloquent et attrayant, l’ornement superbe (Down in the valley, par exemple, avec son banjo entêtant), doté d’une coloration sombre en certains endroits, au beau milieu de morceaux plus enjoués. Le dépaysement est bien entendu garanti, My bible, my pistol & my bourbon, sautillant, présente l’ensemble sous ses meilleurs auspices et le chant s’avère aussi racé que l’instrumentation.
Voilà donc une bonne alternative « d’ici », quand bien même on aimerait que l’opus dévie plus souvent, offre plus d’embardées sauvages. Mais ce dernier déploie tellement de classe, de climats prenants, qu’on adhère sans sourciller. Qu’il fasse dans la quiétude gentiment secouée (Illegal immigrant), lorgne jouissivement du côté de 16 Horsepower ou impose des grattes bluesy bourrues (Old Betty), Ugly Jack fait mouche et s’incruste dans l’inconscient. Stylé, hautement réjouissant quand il s’enhardit (Kaiser Westmalle blues), il honore notre scène, est taillé…pour la scène, justement -on l’imagine parfaitement joué dans des salles obscures et enfumées-, se fait subtil et saccadé sur Together again. Difficile donc de ne pas succomber, le dit album prolongeant parfaitement la première démo du groupe, datant de 2008, et une apparition (4 titres, tout de même) sur la compil’ Nova Express intitulée « Kaiser southern dark country » à l’initiative de l’expérimenté Lucas Trouble.
Sur la fin, un cadencé et éponyme Ugly Jack enthousiasme à son tour, imité en cela par un Blindhorses également éponyme plus tranquille et aussi probant. Le mot de la fin revenant à Hanna may, pré-conclusion mid-tempo charmeuse d’une oeuvre envoûtante et attachante….avant ce rythmé et excellentissime The revenge of the hanging man digne des French Cowboy.