Il y a l’endroit, magique, ressourçant -parfois trop-, la route « de campagne », déjà bienfaisante, qu’on se plait à faire parce qu’on sait qu’à son terme, le bonheur est ferme…
Il y a l’accueil, la mixité, la magie d’un lieu qui transporte, et bien entendu cette imprenable qualité musicale, symbolisée le premier soir par un Left Lane Cruiser de génie, rageur, dont le batteur viendra même en fin de set rapper sur la trame percutante concoctée par ses acolytes tout en se faisant remplacer aux baguettes par le frappeur de Dirty Deep, qui signera le lendemain un concert lui aussi de tout premier ordre, remonté, brut et passionnant.
Car c’est aussi ça, le Celebration Days: dans un esprit 70’s qui régénère et permet d’évacuer le poids d’une « modernité » parfois étouffante, de revenir aux fondamentaux, parvenir à mêler pointures (Left Lane Cruiser évidemment), révélations surprenantes (Qasar, Death Hawks débarqué de Finlande, Libido Fuzz, Aureli Rubio, FootNotes, Kairo, Acid Mess, King Size Slim, Three Seasons et nombre d’autres formations hautement méritoires), et confirmations tout aussi captivantes (les géniaux Yossarians, Jouis et ses climats finauds, Prisma Circus de Barcelone et leur son psyché massif à l’impact énorme, ils sont bons tous ces Espagnols!, Karma Sutra (Lille) et son registre aux effets similaires et j’en passe…). En y adjoignant un « vétéran », Decheman & the Gardener, ex Deche dans Face dans les 90’s avec son rock tranchant et ingénieusement bricolé, vu en première partie de…Sloy, tout de même, à l’ « époque ». Sans oublier les locaux, heavy, d’obédience 70’s évidemment et de plus en plus performants (Cheap Wine et son répertoire habité, puissant et pénétrant, Buddy Hemlock qui clôturera magistralement le dernier soir, et le carnet de route « folklo » charmeur à souhait, et qui plus est entraînant, aux effluves retro qui font un bien fou, du Old Moonshine Band. Et ces éblouissants Swinging Dice, qui swinguent comme jamais et l’ont fait cette fois, de plus, avec une énergie quasi rock, magique!). Et l’excellentissime Koonda Holaa, venu lui de…République Tchèque, et son blues rude ou plus « clair » au fort pouvoir d’évocation.
En dépit d’une ou deux déceptions (Classical M, à mon sens ennuyeux et trop convenu), le melting-pot sonore aura livré son lot -fourni- de sensations fortes, d’émotions qui resteront en tête, et généré un bien-être constant, entre psyché donc, rock’n’roll high voltage et touches plus acoustiques (notons la jolie voix de Richard Allen, doublée d’un jeu de guitare subtil, ou encore la prestance d’Aureli Rubio). Il se vit d’ailleurs plus qu’il ne se décrit, l’expérience est plus que recommandable, l’orga au top et bien vite, on s’imprègne de l’atmosphère du lieu comme de ses sonorités variées et cohérentes, rendues complémentaires par l’esprit de liberté qui en émane. Entre artistes seuls (Erwan, Matthieu), groupes en rangs serrés qui montrent les crocs et duos de choc (Dirty Deep, j’y reviens!, ou encore Cavan Moran « from Manchester » avec son folk racé), dans une pluralité qui l’honore, c’est à une sixième édition magistrale, qui mérite même de voir plus grand encore (superbe idée d’ailleurs, en ce sens, que l’installation de deux scènes; la Buffalo, de grande taille, et la Mapple, plus intimiste, dont on se rend compte qu’elle a vite fédéré et rassemblé), qu’il nous fut donc offert, cette année, d’assister. Le tout sur trois jours dont on aurait volontiers prolongé la durée. Et qui nous prouvent indubitablement que non, la qualité n’est pas forcément à aller dénicher très loin.
Merci et chapeau bas, chers isariens!
Photos William Dumont.