Vu à la Lune des Pirates d’Amiens, il y a quelques mois, où il avait retourné son monde, Le Vasco prépare actuellement un nouvel album sur le label Pop Noire (Lescop, Savages). La prestation, renversante et inédite, méritait bien un retour sur leur Passion Things, dernier enregistrement en date faisant suite à un premier EP.
Fort de onze titres entre hip-hop, noise, rock et electro, posés et/ou « wild », groovys aussi (Chill), emmenés par l’explosive Louise Calzada au chant, l’objet mêle mpc, guitare, saxo et clavier pour un amalgame des plus barrés, changeant dans ses humeurs et parfaitement équilibré en dépit de sa versatilité (I’m not there, superbe ouverture). Des climats sereins se voient suivis de déflagrations sonores sans quartier, la dualité beauté/déchirement trouve une bien belle traduction, comme sur Les Indiens qui privilégie toutefois la première option. Des atmosphères brumeuses se développent et enveloppent, le quintet surprend par son registre aux airs de jamais entendu. Le fantôme crée une « dance » novatrice, exotique, au groove dément, truffé de sons foufous et d’une sacrée ingéniosité. L’electro-pop de Cheerleader trace, ralentit, instaure un climat vaporeux, génère un r’n’ b largement écoutable (prouesse!), tout cela tient debout comme par miracle et la formule, ça se confirme, est sans précédent.
Dommage, cependant, que les écarts soniques deviennent alors épars. A legend dévie peu mais exhale des atours spatiaux captivants, le décor est beau, bien conçu. Et l’opus, bien que conclu par un Cheerleader x8 trop linéaire, est décalé et grandement intéressant, de nature en tout cas à aiguiser notre impatience quant à la survenue du disque à venir.