Cinquième édition pour les Plages Musicales berckoises et belle soirée en perspective puisque les vétérans d’Elmer Food Beat, piliers parmi d’autres d’une scène française 80’s/90’s foisonnante, venaient y imposer leur délire scénique, pour le coup surprenant de cohérence et de fraîcheur.
Fathson
Mais avant cela, le trio FathSon, local car venu de Rang du Fliers, a fait étalage de son rock prog’ délié ou plus fougueux, gratifiant la foule encore parsemée d’un set honnête de plus d’une heure et demi. Manquant encore de « mouvement » et de charisme, les deux Delpierre père et fils associés depuis peu à Arnaud Ousselin à la basse offrent néanmoins de bonnes compos, sans écarts ni audace mais bien troussées, et réjouissent quand ils font parler la poudre. En tout les cas, leur rock bien charpenté mérite l’écoute, demande aussi à s’émanciper et à se faire plus singulier. Ce qui génère tout de même un bon moment, avant une longue pause et le « débarquement » des Elmer Food Beat, remontés comme depuis les late 80’s et visiblement prêts à en découdre.
A en découdre, à faire parler la foudre et la poudre et partant de là, à envoyer un rock’n’roll authentique, rapide et puissant, transcendant les titres du petit dernier, Les rois du bord de mer, à l’intitulé, en l’occurrence, prémonitoire. Et livrant évidemment sa palanquée de tubes, qui remportent les suffrages et incitent une partie de la foule à faire étalage de ses aptitudes vocales. On dirait, me dis-je l’espace de quelques minutes, les Ramones français, accoutrement fantaisiste en plus (Manou, au chant, assure un one-man show dément, fait tournoyer les donzelles et assure le chant sans déchanter), les nantais démontrant avec brio et passion que même en faisant dans le délire, on peut se hisser au niveau des meilleurs et titiller les groupes à l’attitude plus grave, moins délirante, aux cimes d’un rock franc et pétaradant.
Elmer food Beat
Elmer food Beat
Comme on peut le lire sur ses superbes t-shirts destinés…aux filles évidemment, le quintet est là depuis 1986 et son interruption de plus de dix ans n’a aucunement porté atteinte à son impact. La scène, c’est son territoire -ce n’est pas chasse gardée, loin s’en faut, la gent féminine est la bienvenue dans l’antre de ces humoristes distingués – et entre les riffs de Twistos et Grand Lolo, l’organe et les pauses de Manou et la section rythmique carrée de Kalou (basse) et Vincent (batterie), c’est une belle mornifle sonique qu’on prend dans les gencives. Ca fait du bien, on n’attendait pas, pour n’avoir jamais vu les Elmer live, un tel impact. Il y a bien entendu les « standards » comme Daniella, Le plastique c’est fantastique ou encore La caissière de chez Leclerc, mais tout, ici, sonne solide, les gars de Loire Atlantique s’avérant de surcroît être des personnes humbles et abordables hors-scène. Et généreux, en temps de jeu comme dans l’échange et l’énergie, au milieu des amplis. Leur fin de set donnant lieu à une danse endiablée entièrement féminisante, après que l’insatiable Kalou aie permis à l’une d’entre elles de se trémousser de façon pour le moins..athlétique. Pour un incontestable temps fort qui crédite grandement, pour leur ouverture, ces cinquièmes Plages Musicales Berckoises.
Photos William Dumont.