On savait la ville de Nantes riche en groupes valeureux, on la connaissait moins pour son electro-pop/ambient et ce premier album de Pegase, le projet de Raphaël d’Hervez (ex-Minitel Rose, tout de même!), va bien vite en redorer le blason, après un maxi intitulé Dreaming legend.
En effet et sous inspiration, digérée, Brian Eno, Pegase livre douze titres « dreamy » flamboyants, rêveurs et mélodieux, gentiment et habilement acidulés, de toute beauté. Le tout à base de machines (vers l’âge de quinze ans, l’artiste a revendu la totalité de ses instruments pour acquérir des machines. « Crise d’ado » salutaire?). Il y plane un doux parfum 80’s, aussi, dont on se délecte et on dévorera l’opus comme on peut le faire avec ces aliments « addictifs », nutritifs ou musicaux, qui au final peuvent générer l’écoeurement.
Ici au contraire, l’abus est conseillé, Old idol et bon nombre d’autres compositions provoquent la dépendance, saine. L’inventivité sonore est de mise, qui plus est simple et sans surcharge. The bad side of love, planant mais néanmoins vivace, donne le ton, une douce mélancolie et des effluves de nostalgie savamment reliftée soufflent une brise de fraîcheur salvatrice. Gold to share rappelle même par ses motifs le The Cure de Disintegration, l’envoûtement est total…
Ladybug, plus loin, gagne en vitesse dans le rythme, puis on retombe dans une atmosphère entièrement spatiale sur Loulou, haut perché et superbement serti, fort de choeurs splendides, qui se fait plus soutenu sur sa seconde moitié. Tout cela est beau, Blamed instaure une touche plus leste noisy dans son décor. Monkey évoque même les motifs « nuageux » de Kevin Shields et My Bloody Valentine -c’est dire l’excellence du tout-, on oscille sans jamais s’égarer entre rêverie et instants plus vivaces.
La voix, sensible, magnifiquement fragile, est d’un apport certain et Dreaming legend renforce la valeur d’un album prenant, qui prend fin sur un Diana entièrement ambient, haut perché et se distingue par d’une part sa singularité et d’autre part, sa qualité jamais prise en défaut. Chapeau bas Pegase!