Capables de se faire signer par Anton Newcombe sur son label, A Records, et de supporter le BJM, donc, et les Dandy Warhols en tournée, les Allemands de The Blue Angel Lounge prouvent sur ce troisième opus que ces sollicitations sont loin d’être volées.
Adeptes d’un rock psyché qui touche à la cold-wave, vocalement réminiscent de David Eugene Edwards ou Ian Curtis, ils posent leur propre patte sur un répertoire aussi massif que finement serti (In distance) et servi par un harmonium aussi marquant que leurs guitares, le chant évidemment, typé, et une rythmique bien loin de se la couler douce.
A sea of trees, l’album en question, impose d’emblée des penchants incantatoires, des compos à la fois brutes et pensées (Winter, bonne amorce), et fait preuve d’élégance dans son caractère, bien trempé (Melloch halb & halb), avant de désépaissir le discours sur Desolate sands, toujours sombre mais plus lancinant, moins compact. Ce sera aussi le cas sur Mutter et les mecs de Hagen se rapprochent de Wovenhand dans cette faculté à rendre leur oeuvre mystique et prenante, habitée. Captivant jusque dans ses moments de quasi-recueillement (Woods (sea of trees)), l’effort vaut l’écoute et n’a pas besoin de forcer le trait, de recourir à la puissance, pour s’imposer.
Au contraire, il garde sa finesse, parfois dans le tourment (Walls), à d’autres endroits en restant serein (As cold as the moon), et délivre une mélancolie musicalement transmissible. In distance réinstaure une tension cold, des grattes insistantes, le chant de Nils « O » Ottensmeyer remplit l’espace et l’opus prend fin sans faillir, avec un lent et obscur The pain you got from me.