Trio valentinois adepte de la dérision, et très certainement de l’auto-dérision, No Shangsa se place dans un créneau math-rock instrumental, teinté de métal et, brièvement, d’electro. Blind-driving, son second album en un peu plus de dix ans d’existence, synthétise bien tout ça, le fait certes d’une manière prévisible mais honnête, ledit créneau s’avérant de toute façon usé et touchant à ses limites depuis un petit moment déjà.
Il n’empêche et comme chez les Marvin, sans chant malheureusement et ça manque, claviers, guitares et batterie font bon ménage et le groupe tente de diversifier son approche, qu’il ne réduit pas à du bêtement frontal continuel. Calling, par exemple, nuance le propos, les cadences se succèdent, on peut aussi faire dans l’atmosphérique plombé (Carré russe), le tout est massif mais livre du groove…sans trop surprendre son monde. Produit par Nicolas Dick, bel atout quand on connait le talent du Kill the Thrill, l’album est donc doté d’un son impeccable, tranchant en restant distinct. On y passe de morceaux courts et trépidants (La croisière abuse) à des essais assagis d’un format étiré (Hooker with a cigar, Lethal toy entre calme trompeur et fin orageuse). Heavy trip fait lui aussi dans le modéré, le tout est plaisant sans se montrer transcendant mais ravira les fans du genre.
Enfin, un compact et saccadé Out of bounds, et en guise de « finish » Red muse et ses errances presque psyché doublées de hausses de rythmes, de breaks finissant presque par être trop fréquents sur l’opus, mettent fin à une rondelle honnête, sans miracle ni innovation mais qui retrace fidèlement l’esprit et l’univers de No Shangsa.