Le premier volet puis The journey is long, le second, l’avaient démontré dans une qualité jamais prise en défaut: les Jeffrey Lee Pierce Sessions sont excellentes, interprétées avec talent et passion par des artistes connus ou moins connus et qui de fait se révèlent. Et ce Axels & Sockets, troisième édition, donc, de cette belle initiative, livrera elle aussi sa cargaison, généreuse, de covers de premier choix.
Ca démarre d’ailleurs bien et en mode rock défourailleur sur Nobody’s city, revisité par, jugez du peu, Iggy et Nick Cave, épaulés par…Thurston Moore. L’Iguane donne le ton avec son chant caractéristique, qui fait écho à celui plus velouté de Nick Cave et derrière, l’ex Sonic Youth y va de ses parties de grattes déviantes et trépidantes. C’est bien lancé et dix-huit titres vont au total nous exciter les écoutilles; Debbie Harry accompagne The Amber Lights pour énergiser Kisses for my president, puis Black Moth torture habilement Mexican love. Sur ses traces, Julie Christensen apporte une touche folk-blues à Weird kid blues en calmant le jeu de belle manière.
Plus loin, on dénombrera à nouveau des petites perles habitées, ou rageuses, comme les excellents Slim Cessna’s Auto Club qui dynamitent Ain’t my problem baby en s’en tenant à une orchestration très…Gun Club. Puis Bertrand Cantat et Mark Lanegan s’associent à Crippled Black Phoenix and Cypress Grove pour livrer un Constant limbo (constant rain) sensible et possédé, rude sur sa fin.
On ne décroche pas une seconde de cet hommage, digne de sa « cible », où Nick Cave réapparaît avec Debbie Harry sur Into the fire, délicat, tandis que Kris Needs presents…Honey offre un Thunderhead remonté. Dans la foulée, on a à nouveau droit à l’association Lanegan/Cantat, tranquille et forcément vocalement prenante (Desire by blue river), et la suite oscillera entre perles sucrées (Secret fires par Ruby Throat, Kisses for my president par Andrea Schroeber) et rock musclé de bon aloi (Body and soul par James Johnston, actuel Gallon Drunk et un sacré mythe récemment auteur de retours brillants et colériques). Primal Scream est également de la partie pour un Goodbye Johnny spatial et electro, retravaillé par Andrew Weatherall, Cypress Grove joue un My Cadillac bluesy et après The journey is long signé Lee Pierce « himself » avec Lydia Lunch, trop court pour sortir du lot, l’affaire trouve un terme avec une énième reprise probante: Shame and pain, don de Mark Stewart & Jeffrey Lee Pierce (feat. Thurston Moore), merveille de rock noisy et mid-tempo sans concessions.