Accaparés par leurs aventures solo, Angus & Julia Stone s’étaient de fait éloignés l’un de l’autre ces dernières années et il aura fallu un coup de coeur de Rick Rubin, producteur des plus grands, pour que la fratrie de Sydney décide de travailler à nouveau de front, en écrivant de surcroît pour la première fois ensemble.
Bien lui en a pris puisque l’album qui s’ensuit, éponyme, est splendide, délicat certes mais sans jamais lasser, d’une jolie teinte folk et marqué par une énergie pop-rock, parfois même plus directement rock, qui le hisse vers les sommets. A heartbreak, le titre inaugural, est vif, superbe, les deux voix sont, réellement, à pleurer d’enchantement une fois associées. Ce départ plus que marquant donne le ton d’un opus sans aucun raté, qu’on chérira jusque dans ses moments les plus ouatés, servi par la production phénoménale de Rubin. La pop-folk de la paire fait mouche, l’organe de Julia fait des ravages et le climat aérien de My word for it, ses guitares gentiment insoumises, évoquent un Mazzy Star qui aurait gagné en nerf. Puis vient Grizzly bear, premier single et sucrerie pop dont on abusera comme des sucreries alimentaires. Le frère et la soeur ont l’art d’étayer, sobrement, leur compos et d’en faire des hymnes simples, sans rajout inutile. C’est à la fois léger et enlevé, sur ce titre des volutes de clavier nous transportent et l’enchantement « menace ». On pourrait ainsi détailler chaque morceau, comme ce Hearts beat slow acidifié par des riffs brefs mais marquants ou le très clairement folk Wherever you are. Ceci avant qu’Angus ne prenne le chant pour un essai pop-folk de toute beauté nommé Get home, avant qu’on ne renoue avec une cadence lente mais marquée sur Death defying acts, aux belles envolées plus encanaillées.
La suite nous offre le rythme rapide d’un excellentissime Little whiskey, aux grattes presque surf d’un éclat épatant et si From the stalls calme ensuite le jeu, il le fait avec panache, en restant malgré tout vif, doté d’un élan pop qui le rend attachant au possible. Ce sera le cas d’Other things, rêveur et vivace dans le même mouvement, suivi de ce Please you à la fois brumeux et lumineux. Voilà un disque dont on s’éprend vite, scintillant même en sa fin -un posé mais racé Main street, aux traces presque lo-fi qui le magnifient, puis ce Crash & burn un peu du même type, aux dérapages soniques chatoyants et maîtrisés-, oeuvre d’un duo décidément performant et envoûtant.