Affublés du nom d’Adult Jazz, on imaginerait aisément et en toute logique, chez ces Britanniques, un répertoire jazzy mais ce premier album, qui fait suite à un EP datant de janvier dernier, dévoile avant tout une pop tarabiscotée, difficile à classer.
Souvent posée, ou faussement posée, la « tambouille » du quatuor s’entoure de sons inédits (Springful), se chante d’une voix fluette ou plus incantatoire, va lorgner sur ce même titre sur les déviances des Liars. Le propos est gracieux (l’amorce avec Hum et ses courtes séquences presque lo-fi, Donne tongue) et invente presque un genre né du défrichage cohérent, une fois assimilé, du groupe. On peut tout aussi bien s’en lasser, les chemins de traverse étant fréquents et le contenu régulièrement doucereux, mais nombre de titres font voyager, à commencer par ce Pigeon skulls psyché et dépaysant. Et la formule, bien qu’exigeante, débouche sur un rendu éloigné des diktats musicaux castrateurs. Individuel au point d’avoir créé son propre label, Spare Thought, Adult jazz impose aussi des longs formats (un Spook qui s’enhardit en sa fin), travaille sur les sons et climats avec un certain bonheur (Idiot mantra et ses voix associées), et finit par planter son étendard sur un territoire encore rarement exploré
Dommage, toutefois, que Gist is s’en tienne à des penchants apaisés car malgré l’inventivité d’Adult jazz, ce trop-plein de relative tranquillité peut lasser, quand bien même le décor soigné de Bonedigger permet une belle conclusion, légèrement cuivrée si je ne m’abuse.