Souvent encensé pour sa capacité à magnifier son oeuvre, Fink sort son nouvel album, Hard believer, bizarrement le tout premier à maintenir mon attention, à me garder captif d’une certaine délicatesse qui en d’autres temps me ferait rapidement fuir.
En effet et si les moments ouatés sont légion, le trio de Brighton y injecte, par endroits, une belle tension et bâtit de superbes pièces, simples et profondes. On y est apprêté avec l’enchaînement Hard believer/Green and the blue (on est là, quasiment, dans la subtilité du Green and grey signé…New Model Army, autre adepte de l’émotion mise en son, de façon souvent plus brute toutefois mais avec autant de ressenti) et si on reste dans un tempo lent, la beauté est telle qu’on se tait et qu’on écoute. White flag, gentiment obscur, nappé de sons inquiétants greffés à une certaine sérénité, confirme le haut niveau atteint par Greenall et consorts. Les influences dub du groupe y transparaissent et après cela, le long format de Pilgrim fait mouche, appuyé par un arrière-plan insistant et de plus en plus vivace au fur et à mesure de l’avancée du morceau. L’art de Fink est aussi là, dans le fait de marier émotion et « dramatisation », de façon un peu trop retenue certes mais ajustée, en enfantant un rendu fringant.
Two days later nous emmène haut, la pureté de Shakespeare se pare d’une envolée retenue, tout est bon à entendre. La délicatesse de Truth begins déclenche tout de même des envies de rudesse, mais Looking too closely, plus intense, livre de façon attendue le mordant dont on se morfondait, malgré tout encore trop épars.
En fin de parcours, Too late fait dans le doux-amer, puis Keep falling ferme la marche dans cette vêture une fois encore de toute beauté, rarement ennuyeuse malgré sa prudence sonique, pourrait-on dire. Fink accouchant en fin de compte d’un bel album, sincère et évocateur.