Projet singulier très « féminisé » (dix chanteuses y interviennent), l’album The moon effect de Moon Pilot, soit l’angevin Guillaume Asseline, moitié d’Echolove et inlassable activiste de la scène liée à sa ville, provient d’une bien belle initiative.
L’idée de base, si elle est simple, a généré un travail conséquent: Guillaume écrit un morceau, l’envoie à l’intervenante qui a pour « mission » de chanter en fonction de ce qui lui inspire ledit morceau. Un gros effort de « retouche » s’en est suivi mais le résultat, étincelant, récompense tous les impliqués et drape un décor cohérent, à la Tricky pour les climats enfumés, côté Portishead pour les plages « à scratch ».
Il n’y a à vrai dire que des perles sur The moon effect, des traces rock jouissives même sur Silent delight (feat. Pitch venue d’Idem, groupe local « ambiancé » d’obédience dub) et l’atmosphère posée puis plus explosive de From time to time (avec Sabine de Zap Mama et sa voix soul incroyable) donne une pré-idée, déclinée ensuite selon plusieurs colorations qui jamais ne se portent atteinte, du contenu.
Ainsi, le trip-hop dark et groovy de Out there in the sea (Clare Carter y déploie son chant ample et envoûtant) et Waiting for night (la voix à part, infantile , d’Alex Catrine de Selve de Pilöt, un des groupes préférés de Guillaume, créé un contraste magnifique avec les atours sombres et bruissants du morceau) assurent une entrée en matière flamboyante. Le disque ne sort qu’en digital, on aimerait le posséder en « vrai » pour l’objet, le contenu mais peu importe, tout ici est excellent et The dune, avec Ootiskulf qui évolue en son nom dans le domaine de l’electro-folk, enfonce le clou d’un trip-hop complètement prenant. Beau et dérangé, parfois très pur, l’album saisit par la pertinence de ses collaborations, la splendeur des chants et arrangements. Passé le Silent delight décrit plus haut, Fears illuminé par Loone, d’Alwa, envoie lui et à son tour une fusion entre trip-hop « dansable » et electro sous la forme de séquences décisives.
Under effect introduit ensuite Jamika, qu’on ne présente plus, pour un essai influencé dans le chant par la soul et le hip-hop, zébré lui aussi par des six-cordes avenantes, acidulées et d’un style certain. The same time permet à Josetta d’imposer sa voix à la fois sensuelle et « brumeuse », des motifs géniaux étoffent la chanson…
Difficile donc de ne pas approuver le boulot, d’autant que Sister moon impulse un groove electro pop-soul des plus attirants, que l’organe de K-rol Gola des Specimen rend complètement irrésistible. La conclusion revenant à Over the rain, que Malika « spatialise » avec brio, qui calme le jeu de belle manière en apothéose, donc, d’un opus non seulement singulier de par sa démarche, mais également brillant de A à Z.