Adepte d’un malaxage des genres souvent éclaté, le trio japonais Boris sort avec ce Noise un album qui ne dérogera pas à la tradition et qui sur ses premiers titres mêle mélodie et force de frappe avec l’adresse qu’on connait au groupe.
Ainsi, Melody, saccadé, et Vanilla assurent une entrée en matière trépidante, le second des deux morceaux évoquant même l’urgence punk-pop/métal des Irlandais de Therapy? sur Infernal love. Puis c’est le shoegaze au ralenti de Ghost of romance qui point ensuite, suivie d’un leste Heavy rain, aux riffs lourds accompagnés par une voix, elle, légère. Différents au départ, les éléments imbriqués de la sorte s’avèrent à l’arrivée complémentaires et si l’opus, à l’instar des autres, exige un effort d’assimilation, le résultat est plutôt probant.
On fait ensuite dans la pop-rock acidulée, tubesque et mélodieuse, touchant à la dream-pop, sur Taiyo no baka. Ce format court précède la pièce « majeure » du disque: Angel et ses dix-huit minutes passées, chatoyant et aérien sur ses premières minutes et qui se pare d’envolées plus soniques. Un peu prévisible, ledit titre s’apparente à un essai post-rock mâtiné de sons massifs un peu trop attendus. Bien entendu, on tombe après dans un format encore différent, chant à la limite du black métal et mélodies speedées greffées à une trame trashy constituant un Quicksilver lui aussi long et éprouvant, mais dont le « domptage » peut le révéler largement acceptable. C’est là l’atout et le désavantage de Boris -défricher adroitement certes, mais au point d’y égarer le potentiel fan-, et le bien nommé Siesta, bref et assez dénudé, se montrera inabouti en conclusion d’une rondelle détentrice de quelques bons moments, mais encore un peu inégale.