Tournant de la carrière de Walkabouts signés sur Sub Pop, à l’époque (le groupe s’est formé en 1984), bien qu’issus de la mouvance folk-rock/country, Devil’s road se voit réédité par Glitterhouse, au même moment que Nighttown qui le suivit.
Superbe initiative, la ressortie met en « lumière » un groupe ici épaulé par l’orchestre phillarmonique de Varsovie, et un opus « cordé », donc, majestueux (Cold eye) ou plus enlevé (Rebecca wild et la « dramaturgie » des cordes), qui impose sa superbe et sa mélancolie dès The light still way on, mid-tempo de classe. Dix morceaux sombrement décorés, obscurs et élégants jusque dans leur révolte (The stopping-off place), le portent aux cimes. Il y a dans ce disque une marque de fabrique, étincelante dans son désabusement, et des ambiances aussi classieuses qu’offensives. Sur Christmas valley, cordes et guitares se donnent le change pour un résultat de haute volée. Le timbre de Carla Torgerson, clair, contraste avec celui, plus grave, de Chris Eckman, et de belles souillures asseyent la beauté du tout (When fortune smiles).
On trouve, aussi, des chansons alertes, sans perdre dans leur rythme affirmé de leur magnificence (All for this) et si l’inclusion de l’ensemble polonais peut surprendre, voire faire fuir, les fans d’alors, elle génère un album majeur. Qui reste dans la vigueur avenante sur The leaving kind, pour finir sa route par ce Forgiveness song à l’avancée lente, dont le décor, à l’instar des autres réalisations, interpelle par sa justesse et sa sobriété.
En guise de bonus, un second cd nous est offert, avec pour débuter le rock impétueux de Devil’s road (demo), qu’on trouvera aussi dans une version live rugueuse. Entre ces deux versions, la demo de The light still way on, celle de Christmas valley et un The leaving kind privé de ses violons auront à leur tour envoûté l’auditeur. Avec au bout du compte l’impression que la Route du Diable, si angoissante qu’elle paraisse, dévoile à l’écoute un enchantement certain.