Une séparation, qu’elle soit conjugale ou musicale, laisse des traces et ce The last waltz en constituera une de choix puisque ce coffret cd/dvd créé à l’initiative de Motherbuzz Records restitue parfaitement, et efficacement, le tout dernier concert d’Autour d’Elle, groupe rouennais qui allait souffler sa dixième bougie. Ceci au long d’un parcours passionné, qui l’aura vu, dans la modestie, gravir tranquillement les échelons jusqu’à ouvrir pour Eiffel ou encore Deportivo. Un EP, un album et ce live, donc, ponctuent l’aventure et au festival R4 de Revelles, dont ils furent cette année-là (2013) la tête d’affiche et qui les chérit particulièrement, les quatre gars rendent une copie intense, animée par la fougue du dernier gig.
Leur rock chanté en Français, sans que cela ne dénote trop, renvoie en effet assez d’éclat, d’impact instrumental, pour séduire, avec en sus un certain talent verbal. Seize titres solides, précédés par une intro tribale qui évoque celle d’un titre des Thugs, se font valoir. On n’est cependant pas, dans le cas présent, dans l’insurrection du gang des frères Sourice et Autour d’Elle se situe plutôt côté Deportivo, dans un rock certes franc mais plus « rangé », plus conventionnel. Quelques faux-pas émaillent le registre (on peut par exemple se dispenser des « Waouh » mièvres audibles sur Lancinante), la thématique est récurrente (l’Amour et ses déboires, les rapports humains en général de quoi tenir sur la durée me direz-vous…), mais le set « envoie » et sert des plages sans faiblesses criardes. Une jolie reprise du Boomerang de Gainsbourg étaye le tout et des moments forts générateurs d’optimisme dans la désillusion, tel La vie en rose, font de ce live un bon disque, que le dvd et ses images parfois insolites, filmé lui aussi avec efficience, appuiera avec pertinence. On y voit le mec aux cheveux filasses ivre sans cesse, déjà aperçu au théâtre les Docks de Corbie ou au Rock en Stock, « investir » la scène à trois reprises, un joli visage féminin reprendre les paroles tout en inspectant son portable, un bref mouvement de la caméra permet d’apercevoir le traditionnel village-asso du R4…
Mais au delà de ces brefs coups d’oeils, Autour d’Elle joue souvent -on s’en réjouira- vite et fort, avec émotion (le leader du groupe avoue sur son site quelques larmes, imperceptibles car mêlées à la sueur abondante d’une toute dernière scène). On ne peut que dodeliner de la tête, se déhancher, au rythme élevé des morceaux joués, on regrettera même qu’Autour d’Elle ne recoure pas plus souvent à l’Anglais en entendant My arms, ultime plage du concert. On appréciera la sensibilité pop, les belles mélodies, passées à la moulinette de ce rock serré, et surviendra, à l’issue, l’impression tangible de perdre, une fois de plus, un groupe « du cru » valeureux. Au sein duquel existait de toute évidence une symbiose affirmée, une propension à bien écrire et à bien composer, à mettre du « jus » dans une fois sur les planches comme le montrent de nombreuses chansons comme L’impossibilité d’une île ou Ma muse, urgents. [Disco] insuffle un humour que le groupe aurait bien fait de prolonger musicalement tant le morceau, court, aurait pu enfanter un bourre-pif electro rock marquant. La piste renoue avec le jeu pied au plancher du quatuor, jalonnant une fin qu’un très beau Suzanne, orné par des claviers bien parsemés, valorise.
Beau testament donc, pour faire un jeu de mots facile avec le contenu de ladite chanson, que ce The last waltz bien troussé où son et image se complètent joliment, et qui met à l’honneur -belle idée- une formation incontestablement méritoire.