Questions à St. Lô, quatuor basé à Lorient, animé par une chanteuse issue de Brooklyn, générateur d’une « deep dark cinematic soul » mise à jour sur son excellent Room 415…
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Lorient/Brooklyn, les provenances du groupes sont pour le moins éloignées! Comment faites-vous pour oeuvrer efficacement, dans ces conditions, à l’avancée du groupe?
On est tous issu d’une génération qui a grandi dans les home studios, à bidouiller, à s’envoyer des fichiers. Il y a donc une certaine habitude pour nous à travailler à distance. Cela n’empêche pas que l’on a besoin de vraies sessions de travail où tout le monde est présent. C’est important en termes de création et de vibrations ; une fois que c’est posé on sait qu’on peut poursuivre le travail de studio sans nécessairement que tout le monde se trouve au même endroit au même moment. Avec le temps, ce mode de fonctionnement s’est affiné et nous convient.
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Comment la rencontre s’est-elle faite? Miz, qu’est-ce qui a pu t’ « interpeller » chez ces trois bretons?
Cette rencontre, c’est une forme de sérendipité, on avait tous différents groupes et projets, on cherchait parallèlement des collaborations ponctuelles. C’était l’époque de Myspace, il devenait enfin possible de travailler à distance avec quelqu’un que l’on n’avait jamais vu.
On s’est contactés et finalement des années plus tard, on a fait exactement le chemin inverse; on a monté un groupe. Ce qui nous unit en définitive, c’est le plaisir que l’on a à jouer et vivre ensemble, chacun de nous quatre apporte sa pierre à l’édifice et c’est ce qui fait la musique de St.Lô.
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Comment jugez-vous l’accueil qui vous a été réservé au moment de la sortie de Room 415? Et sur le plan scénique?
En dépit d’une exposition aux médias traditionnels relativement faible, le disque fait son bonhomme de chemin de façon plutôt inattendue. L’accueil du public et des médias indé est vraiment bon et nous fait très plaisir, et la dynamique ne semble pas s’essouffler.
Sur le plan scénique, c’est différent. Il n’y a pas d’intermédiaire, de prescripteurs, entre le public et nous…
C’est sans doute aussi ce qui nous plaît tant sur scène : le live est vécu à chaque fois comme une expérience unique par le public et il y a une charge émotionnelle incroyable entre lui et nous. C’est toujours comme ça qu’on a souhaité que ça se passe !
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Sur les planches, vous en tenez-vous à l’interprétation « à la note » de vos morceaux?
Non, s’il y a un canevas serré, ça ne nous empêche pas de nous faire plaisir, d’essayer de nouveaux plans. On se nourrit aussi de ça pour le studio. iOta va jouer une mélodie sur scène qu’il n’avait pas posée en studio, Ton’s va intégrer une petite variante dans le groove de la basse, Mezz apporte des ponctuations vocales inattendues…
D’abord, je pense que c’est important pour continuer à jouer avec plaisir et ne pas être dans une exécution automatique et puis c’est ce que ressent le public, avant tout.
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Pour en revenir à l’album, a-t-il été aisé de s’entendre sur la direction à prendre, sur la coloration musicale qu’il aurait à l’arrivée? Etes vous satisfaits du rendu final?
On a à peine eu le temps d’y réfléchir, finalement. Entre deux tournées, on se plongeait dans nos home studio, on affinait les structures, on arrangeait et produisait sans vraiment de recul.
En définitive on est content du résultat car c’est une photographie assez juste de l’année qui venait de se dérouler depuis les Trans. On a confié à Earl Blaize la tâche d’apporter par le mix une cohérence d’ensemble, très hip hop, assez rough. Room 415 contient en lui la tension et l’énergie de cette première étape.
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La Bretagne est-elle selon vous une bonne « terre d’accueil » pour un groupe et notamment pour une formation singulière comme la votre?
C’est certainement un beau cadre de travail. Bosser en studio et aller se baigner en fin de journée, ça crée une vibe très agréable. Il y a un dynamisme culturel réel dans la région de Lorient qui a été très porteur pour nous. Mais là, c’est autant les gens eux-mêmes que le lieu.
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Peut-on s’attendre à du neuf, Room 415 ayant particulièrement aiguisé notre appétit, sur le plan discographique et à court terme? Et de façon plus large, quels sont vos projets actuels s’agissant du groupe?
Là, on est en plein dans la période de créa pour le prochain disque, on prépare aussi quelques inédits pour l’automne, tout ça sans la pression et l’urgence qu’on avait connus sur le premier disque et c’est un vrai plaisir ! On s’autorise pas mal de choses, on se sent complètement relâchés et ce qui sort du home studio en ce moment nous excite comme des gamins. On n’a pas d’autre plan de vol que celui d’avoir du plaisir à faire de la musique ensemble ensemble et pour le moment on kiffe vraiment !
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Comment définissez-vous la musique de St Lô, histoire de satisfaire l’insatiable soif de « catégorisation » de la frange journalistique?
Ce sera une définition a posteriori, puisqu’on n’a jamais choisi de s’inscrire dans telle ou telle case. on fait de la musique électronique, c’est le raccourci le plus simple, mais si on doit trouver une étiquette, on dira alors : deep dark cinematic soul.