On aime les artistes venus on ne sait d’où, décalés, aux oeuvres atypiques et Dorian and the Dawn Riders, bordelais qui plus est, fait incontestablement partie de cette « caste » si prisée.
Steve Mesmin, c’est son nom « civil », allie en effet le beau et l’insolite, prend des chemins de traverse sans s’y perdre et en présente le rendu, assez bluffant d’originalité, sur Meïr, son premier EP. Inclassable, ce dernier dévoile des effluves psyché agitées, une attitude presque incantatoire (Palladium), mêle parties dépaysantes et bruitisme soigné, de classe. Des séquences electro secouent une amorce indus dans sa répétition (le génial Meïr en ouverture), on n’est pas non plus très éloigné des Liars pour l’alliage périlleux mais ajusté entre les genres. La mélodie est belle, quand bien même des plages tarabiscotées la « chiffonnent » avec superbe (Vêtu de noir et son chant en Français, qui accélère à bon escient sur sa seconde partie).
Kahro prend le relais en instaurant des chants jouissivement extravagants et, comme de coutume, des atmosphères aussi superbes que chaotiques. Night in the ocean use des mêmes ficelles brumeuses, se déploie lentement avant de s’enhardir, un encart tribal vient le parfaire. Soniquement, rythmiquement et dans la création d’ambiances, Dorian and the Dawn Riders est ici au sommet. Sommet que tutoiera d’ailleurs ChorBazaar, complainte elle aussi déroutante, psyché dans l’esprit mais, à l’arrivée, inqualifiable.
A l’image d’un EP fourni mais aussi, et avant tout, magistralement inventif. Et qui outre sa qualité de tous les instants, a pour mérite de ne ressembler en rien à ce qui peut se faire actuellement.