Adepte des soirées rock, l’association Les amis de la Grange, après Cheveu fut un temps, accueillait à la « GAM » de Creil Frustration, fleuron cold-wave de chez Born Bad. Elle y joignait un groupe parisien, Deeva, et les confirmés Sobo, venus eux d’Amiens.
Bon moment donc « dans le viseur », inauguré par Deeva, aux influences multiples qui génèrent un rock tendu ou mélodique, qui pêche lorsqu’il est chanté en Français et se montre plus probant quand l’Anglais prend le pas (Me myself). Il y a là, malgré tout, assez de rage et d’allant mélodieux pour assurer une bonne ouverture, sans trop de singularité toutefois.
Sobo
Sobo
Le « personnel », le public isarien allait le trouver avec Sobo, qui en plus de son répertoire habituel a livré en pâture aux privilégiés du soir trois nouveaux morceaux de belle facture. Dans la mouvance cold qui est la sienne, aussi souple que massive, étayée par les titres-phare qu’on lui connait, Sobo continue son petit bonhomme de chemin, crée et convainc. S’il demeure un tantinet statique sur scène, le quintet samarien démontre une maîtrise certaine et prouve que son investigation sonique, stylistique et esthétique est porteuse. On le préfère, peut-être, lorsqu’il fait parler la poudre, mais la finesse et la sensibilité de bon nombre de ses compositions le créditent et ajoutent à l’étendue de son travail sans porter atteinte à sa cohérence. Une apparition remarquée donc, encore une fois, dans l’attente des très attendus Frustration.
Frustration
Frustration
Lesquels n’allaient justement frustrer personne, loin s’en faut tant leur set, mordant et rempli d’un groove cold-wave dopé à la vitalité punk et post-punk, fut lui aussi marquant. La foule creilloise ne s’y trompant d’ailleurs pas, emballée par Fabrice Gilbert et ses coéquipiers scéniques. Timbre vocal à la Ian Curtis, guitares acérées, rythmique froide ET groovy et claviers aux apports justes, tout s’imbrique sans la moindre anicroche et Frustration se base de plus sur de nombreuses plages déjà tubesques dans le genre. Passé maître dans l’art d’assembler (les genres) et de rassembler (les foules), le combo fait feu de tout bois et conquiert une salle qui l’amènera d’ailleurs à prolonger de façon très nette sa prestation, toute en nerf et en vigueur.
Photos William Dumont.