Dotée d’une voix que l’on remarque, Jolie Holland prend pour base la musique américaine, ou plutôt ses origines, qu’elle décline depuis deux albums, et donc sur ce troisième intitulé Wine dark sea, à plusieurs sauces: folk, jazz, country et, bien lui en prend rock, parfois même bien noisy (Dark days, après un On and on lui aussi grinçant). Elégance et chemins de traverse plus « sales » s’acoquinent, parfois l’une des options prend plus ouvertement le pas sur l’autre (le posé First sign of spring), une folk jazzy gentiment rétro se fait aussi entendre (Route 30), souillée par une vêture sonore certes avenante, mais qui là encore dérape joliment.
On apprécie forcément et on la suit donc dans ses instants sombres (I thought it was the moon), tout en s’entichant d’élans encore une fois gracieux mais jamais mièvres (The love you save). On accroche peut-être moins à ses essais intimes, mais ceux-ci ne sont que minorité et c’est bel et bien l’équilibre entre le « propre » et le tourmenté qui prévaut. Le chant fait merveille (Palm wine drunkard), les instruments tout autant dans leur trames communes, et la longueur de certains titres n’enlève rien au mérite de l’artiste, au demeurant bien entourée. Et qui se permet même un encart à la Tom Waits jazzy-cabaret enfumé, déviant, du plus bel effet sur Out on the wine dark sea.
Pour finir sur le jazzy-groovy Waiting for the sun, à la fois détendu et joliment cuivré, zébré par des sons distordus à souhait dont on raffole tant ils apportent, par leur insoumission, à un bien bel album.