Retenu dans le cadre du projet IC Music, oeuvrant avec la Cave aux Poètes de Roubaix et unissant des membres de Green Vaughan, Ed Wood Jr ou encore Tang, Persian Rabbit joue une « dark hippy music » mélancolique mais animée, qu’il met donc en avant sur ce premier album brillant.
L’instrumentation originale dont use le groupe (harmonium, contrebasse, violon, guitare et batterie), couplée à la voix à part, émotionnelle, de son chanteur Nico Djavanshir, permet une identité forte et un univers à la fois feutré et tourmenté. Sound from beyond le démontre d’emblée en entremêlant des éléments post-rock, folk et pop/rock pour un rendu à la croisée de ces genres. Des paysages sonores inédits sont ainsi créés, le rythme se fait plus marqué sur Before the crowd knows, des motifs de toute beauté étayent le travail de la formation lilloise. La plupart du temps étendus, les morceaux livrés, au nombre de huit, développent des climats saisissants, porteurs d’un certain trouble (Inside hole). La face A prenant fin sur This whole machine, retenu et dont la cadence s’enhardit ensuite pour finalement laisser les cordes parachever le titre.
Probant, ce long jet initial se poursuit avec Sell the light, d’abord sombre, assez leste, lui aussi envoûtant, puis c’est le plus long format du disque, Ginger et ses huit minutes passées, qui plante un décor là aussi obscur, sur une certaine durée, avant que n’apparaisse le chant et que le décor se fasse plus clair. Tout cela est parfaitement conçu, orné avec soin, subtil et intense dans le même temps.
Enfin, Made of ice, nerveux, porté par une batterie assénée et des guitares belliqueuses, entre autres, puis Hymn, entre ces mêmes élans et des encarts posés, viennent parfaire un projet non seulement original mais également cohérent de bout en bout. Pour une copie parfaite, qui vaut d’ores et déjà son pesant d’écoutes.