Suisse mais issu d’une ville frontalière avec l’Italie, Black Fluo compte cependant dans ses rangs des musiciens de provenances diverses (Suisse, Portugal, Ecosse et d’autres, au long de leur périples respectifs, plus exotiques). Le quartet ainsi formé pratique une musique étrange, entre electro, expérimental et musique classique, et bâtit un univers au sein duquel le silence laisse place à des voix dans la retenue et des enrobages aussi tarabiscotés qu’empreints d’une grande beauté (Whisper).
D’abord déroutant donc, Billion sands, l’album qui découle de cette démarche singulière, déploie au fil des écoutes de nombreux atouts, sonores et climatiques, ainsi qu’une singularité évidemment affirmée, qui peut autant décourager qu’attirer sans rémission. L’effort d’adaptation est nécessaire; une fois ce cap franchi, on est happé par des atmosphères aussi pures qu’ombrageuses (Death of a sun), cosmiques et barrées (Scarborough fair). Le minimalisme du tout permet de ne pas décrocher, les chants sont beaux, épars, un côté très cinématographique se dégage du disque, superbe sur Narcosia et ses chants féminins chuchotés. Celui-ci est d’ailleurs le seul morceau à exhaler des guitares noise torturées qui mettent joliment fin à sa quiétude haut perchée.
Sur la fin, Les vagues caléidoscopiques, finaud, embellit encore le rendu, puis Caledonia, ambient, au « chant » encore une fois particulier mais décisif, allie noirceur et sérénité, à l’image d’un groupe au procédé personnel à souhait. Pour une copie, ici, aussi inédite qu’attirante par ses ambiances.