Nouvel album pour les Jujiya & Miyagi de Brighton, leur cinquième si je ne m’abuse. Et belle réussite, obscure et sucrée à la fois, à la coloration autant electro que krautrock. Les sons, leur répétition, en font dès Flaws un album qui accroche l’oreille et sert du groove à tous les étages, en plus de climats affirmés. Ici, une guitare funky amène de la « dansabilité » (Acid to my alkaline, étayé, aussi, par les claviers, déterminants chez les Anglais), plus loin c’est un rythme kraut qui mène la danse et souligne une atmosphère plutôt spatiale (Rayleigh scattering). Bel instrumental que ce morceau, avant le titre éponyme qui lui délivre une electro-pop doucereuse mais cadencée, zébrée de guitares acidulées.
Comme de coutume, les sonorités ont leur importance. Bien trouvées, elles bâtissent une trame et un décor souvent prenant (Little stabs at happiness), qui peut mélanger le « guilleret » et le plus sombre. Tout cela est largement digne d’intérêt et même le second instrumental, Tetrahydrofolic acid, passe comme une lettre à la poste en imposant ses volutes de synthés alertes et nuageuses. On se réjouit de trouver, aussi, de l’organique sur le disque (Daggers et ses guitares éparses mais marquantes, en plus du groove irrésistible de la basse). Les neuf morceaux proposés sont de taille et sur la fin, Vagaries of fashion et ses atours sucrés/acidulés, son break electroïde bien placé, puis A sea ringed with visions, serti lui de sons réitérés jusqu’à l’entêtement, d’une instrumentation bien assise entre organique et synthétique, servent eux aussi l’intérêt d’un opus sans défauts. Et qui appelle, par ses climats installés, à de multiples écoutes.