Peu de temps après que John Dwyer ait émis de gros doutes sur le devenir de Thee Oh Sees, ceux-ci sortent un album…et quel album! Brut, gorgé de fuzz et d’élans garages/psyché sacrément bien foutus (Encrypted bounce), celui-ci flingue son monde d’entrée de jeu, avec ce Penetrating eye qui semble dans un premier temps prendre une option psyché, justement, pour ensuite imposer une lourdeur grungy et des riffs fatals couplés à un chant superbement agrémenté de « la-la-la-la ».
En deux morceaux donc, on comprend, déjà, que le niveau sera élevé, bardé, aussi, de jolies mélodies comme sur le Encrypted bounce cité plus haut, par exemple. Neuf titres suffisent à faire la différence, des détails sonores multiples renforcent la teneur de l’album et dans la foulée, Savage victory s’appuie sur une trame insidieuse, mélodieuse dans le chant mais griffée par l’instrumentation. Ceci avant que le tempo vif et saccadé de Put some reverb on my brother et ses vélléités pop passées au filtre d’élans garage-psyché des plus bienfaisants ne se distingue à son tour. Puis c’est l’éponyme Drop, lui aussi mélodique mais dans un climat nerveux et agité, bardé de guitares volubiles, qui enthousiasme l’auditeur.
Il n’y a ici rien de négligeable, les riffs de Camera (Queer sound) associés à un chant cette fois encore doucereux, en toute simplicité, faisant dudit titre une énième réussite qu’on s’enverra à plusieurs reprises dans les écoutilles. Tout comme cet opus malin, aussi, dans ses motifs (King’s noise), que Transparent world valorise ensuite par sa trame menaçante, déchirée, fuzzée, et sa voix haut perchée. The lens mettant un terme à l’aventure dans un climat pop feutré, en conclusion apaisée à un disque qui remet brillamment sur le devant de la scène une formation dont on aurait forcément et amèrement regretté la disparition.