13th Hole vient de Rennes, peut se targuer d’un parcours déjà fourni et de cinq albums à son compteur. Décisifs, ces atouts lui permettent de décliner avec talent et mainmise un rock « sale » en phase avec la scène indie noise US, mais qu’il pratique selon son libre arbitre.
Sur Magic Number, nouvel opus et joli digipack assorti d’un dossier de presse soigné, le groupe ne perd pas l’inspiration et attaque fort d’emblée, sur ce I dislike où le chant d’Isa Valenti à la fois guerrier et sensuel donne le la, la trame acide mise en place par ses hommes de main étant largement à l’avenant. Le rock groovy de 13th Hole, aux atours post-punk ou psyché ou encore garage, exhale de l’allant (Tell us now), une inspiration constante et se fait aussi sauvage que reptilien, subtil dans son décor. Cela suffit à faire de l’opus en question un quasi-must, intéressant jusque dans ses moments plus aériens (Dance again(st) et ses volutes de claviers) ou dans sa retenue, menaçante (El cauchemard). Les douze plages présentées ne fléchissent jamais, les coups de boutoir de Catch the ferry enthousiasment, des breaks judicieux sont mis en place. Voilà pour la quintet de chansons de début, avant un titre en Italien, langue déjà usitée sur l’opus précédent et étonnamment pertinente dans ce registre (Il sogno).
Les bretons peuvent ensuite se permettre un interlude (Interlude) faussement posé, la machine repart plein pot dans la foulée (le vivace Angry man), la rudesse du propos couplée à un côté « dansant » de la rythmique font la différence et par delà tout cela, une sensibilité pop étaye le travail, probant.
Ainsi, la fin d’album demeure optimale, avec entre autres un Air fonceur et, pour finir, l’éponyme Magic number qui envoie une pop-rock piquante sur une durée étendue. On y passe de plans rapides à des écarts atmosphériques avec le plus grand naturel, l’ornement est de choix et la copie quasi-parfaite. A l’instar d’un disque auquel la plus grande attention a été portée, tant dans le contenu que dans le contenant.