Dernièrement « amputé » de deux de ses membres au sax et à la seconde guitare (le terme est à peine exagéré tant le groupe se conçoit comme une famille avec tout ce que cela sous-entend en termes de respect, d’ouverture à l’autre et de mise en commun), le Dirty South Crew sort un nouvel opus qu’on pourrait considérer en toute logique comme un second album, mais qui constitue avant tout le « cliché » de la formation amienoise telle qu’elle est à l’heure actuelle.
Fidèle instantané donc, Wake up et ses neuf titres impeccables reprend trois titres de son chaud Voyage métissé, premier disque déjà percutant: Milli Milli, Delta Sierra Charlie (envoûtant avec, entre autres, des embardées de violon magiques) et Murderer, revisité en acoustique façon « feu de camp », magnifique. Les deux autres morceaux issus de la dite rondelle, moins denses et étendus que sur celle-ci, bénéficiant d’une nouvelle approche moins « dense » -logique au vu des départs subis par le groupe- mais à l’impact finalement similaire. Tubesques, ni plus ni moins, ils créditent grandement Wake up tout en présentant précisément le DSC « d’aujourd’hui ».
En outre, ils voisinent parfaitement avec de nouvelles créations qui font leur effet dès l’imparable Be proud, dont le Crew peut justement…être fier et qui instaure sans plus attendre un groove « maison aux confins des genres visités par la troupe: rock, funk et hip-hop, avec au delà de tout cela un refrain fédérateur en diable. C’est aussi le cas sur Tolerance, aux riffs à la fois secs et groovy, qui permet aussi de se rendre compte qu’une attention particulière a été portée aux textes, armes parmi beaucoup d’autres des Picards. Puis Speed, posé et orné par des claviers bien distillés, confirme la grande forme des sept fusionneurs, dont la force réside, outre leur sens du collectif et du « collage » musical abouti, dans leur aptitude à frapper juste, à doser les éléments avec justesse et à propos.
Plus loin, c’est le reggae de Positif qui captivera les amateurs du genre et met lui aussi en avant la dextérité syntaxique du groupe. Loin de l’ennui parfois généré par le style, par le biais d’un certain allant et d’un refrain une fois de plus fatal, il renforce le DSC « nouveau », si on peut dire, et Revolution time, dans la foulée, riffe d’abord sévèrement pour ensuite balancer des lyrics à la fois dénonciateurs et très habiles. Finaud et trépidant à la fois, voilà une nouvelle réussite de taille, forte du groove qui flingue (basse rondelette et guitare éparse mais décisive, et j’en passe…). Passé ce titre et ce qui précède, on est d’ores et déjà convaincus de la valeur du rendu, conséquente. Et à l’issue du Murderer acoustique décrit plus haut, se profile la dernière bombe du bien nommé Wake up: Wake up, justement, introduit par la gratte rude de Nico puis embelli par le chant de Myriam, en parfait contrepoint aux organes vocaux des deux guerriers du verbe que sont Feljalin et Pierre-Alain. La rythmique sans défauts aucun assurée par Clément et Romain tournant elle à plein régime, au diapason du reste.Une tuerie que ce morceau enragé, splendide conclusion d’une rondelle dont le seul défaut est d’être trop brève et finalement peu fournie -si l’on peut se permettre de faire la fine bouche- en titres « complètement neufs ».
Qu’importe, il y a ici de quoi satisfaire tout un chacun, Wake up sert du refrain de « ouf » en veux-tu en voilà, de la finesse et de l’impact, et dévoile un collectif nouveau, soudé, merveilleusement représenté par un album dont le contenu, on le pressent déjà, générera des scènes marquantes en sus d’écoutes répétées. Chapeau bas le DSC, et rendez-vous ici et ailleurs pour de nouvelles communions scéniques.