Si Isaac Lyons Ramsey (Swordplay) et et Pierre Debrouwer (Pierre the Motionless) bossent ensemble depuis plusieurs années déjà, ayant même débuté l’épopée commune avec Myspace, Tap water est leur premier long jet commun. Il se veut le réceptacle, tchatcheur et d’une belle diversité musicale (les deux hommes officient aussi, évidemment, chacun de leur côté et dans l’ouverture d’esprit et des écoutilles), de leurs backgrounds et idées, et offre donc en toute logique une belle étendue.
On le sent agité (64 bit remix), groovy (un peu partout) et le décor sonore concocté par Pierre cohabite dans l’harmonie avec le flow et les lyrics de Swordplay. En parfaits acolytes, ils insufflent à leur répertoire commun des accents rock, trop épars à mon goût (question de background, là encore) sur No teleportation, incoercible, ou Song fo the dead (ou encore, concernant les bonus de la version digitale, l’excellentissime Ant eats anteater). On s’en réjouit, bien entendu, d’autant que l »initiative se double d’une capacité avérée à rassembler les castes.
Ailleurs, la chape est sombre (Waterproof camera), l’ornement jazzy (No sleep), le tempo saccadé, leste ou plus marqué et si plusieurs écoutes peuvent s’imposer pour ingurgiter le tout et en saisir toute la richesse, l’effort se doit d’être fourni. Doté d’une mélancolie qui happe et de bien belles touches acoustique dérangées par des sons acidulés (When the hurricane comes), Tap water s’impose et en impose. Un vent de révolte (Stop lying to us) l’anime, sa musicalité l’honore (et s’avère décisive, en contrepoint de bon nombre de productions trop lisses, pauvrement enrobées).
Ici, un soin particulier est apporté à l’ensemble, dans les textures comme dans le visuel ou tout simplement le son (Ben Moritz est aux manettes). Et la fusion opérée, quand bien le hip-hop y domine logiquement, s’avère réussie, porteuse et large d’esprit, à l’instar du résultat final.