Après deux ep’s faits d’une electro-pop dopée au rock « et pas que », questions à un trio qui monte: Parlez-vous Anglais?.
1) Parlez-vous Anglais ?, un nom de groupe forcément ironique à l’encontre de tous ceux qui ne maîtrisent pas même le Français?
C’est surtout une des premières phrases qu’apprennent les étrangères quand elles s’attaquent à la langue de Molière, une façon de les accueillir dans notre univers chanté en Anglais. Et puis bon… « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? » c’était un peu long et pas très fin comme nom de groupe…
2) Sur ce nouvel EP, votre goût pour une pop « hybride » se confirme; d’où vous vient cette tendance?
On écoute tous les 3 plein de choses très différentes, il y a plein de bonnes choses à prendre dans tous les styles de musique, et on a logiquement eu envie de mélanger tous ces ingrédients pour en faire notre propre sauce. Même si au final on s’inspire majoritairement de musique électronique, de soul/funk et de rock, notre ligne directrice est plus que jamais d’être un groupe de rock qui fait de la musique électronique groovy qui pourrait être jouée à la fois dans un club ou dans une configuration plus rock. En tout cas on n’est pas un groupe de Fusion pour autant 😉
3) Votre « base » entre Paris et Berlin constitue-elle un avantage ou un inconvénient pour le groupe et son avancée?
Cela fait peu de temps qu’on est dans cette situation de « groupe sponsorisé par ARTE » mais on s’en sort plutôt bien. Plutôt que de se voir 5-6h par semaine de manière régulière comme le ferait un groupe « normal », on se fait des grosses sessions de travail d’une semaine et ça nous permet aussi de bien avancer.
Pour ce qui est de la production, rien ne nous empêche d’avancer chacun de notre côté et de nous envoyer des morceaux via le web pour avancer. Ca demande évidemment un peu plus d’organisation mais pour l’instant ça fonctionne plutôt bien ! Et ça nous permet de nous inspirer de deux mondes assez différents, particulièrement avec l’émulation qu’on trouve à Berlin en termes d’art et de musique électronique, ça donne pas mal d’idées…
4) Vous êtes chez HIFI/LOFI, de quel côté vous situez-vous: « hi » ou « lo » fi?
Au risque d’être qualifiés de centristes fans de Bayrou, on va dire qu’on se situe du côté du « / » ! Particulièrement pour cet EP, on s’est beaucoup plus penché sur la production qu’avant, on est plus entré dans les détails, dans la sphère du HI, mais on a ensuite cherché à trouver un vrai son qui ait du caractère, donné un côté plus LO-FI à tout ça. Initialement les démos étaient faites à partir de boites à rythme, et on a décidé de tout remplacer par une vraie batterie, enregistrée sur magnéto a bandes, pour retrouver un son propre aux années 70. Un peu comme The Whitest Boy Alive l’ont fait aussi, pour redonner un côté humain a la musique, plus chaud et spontané…
C’est la même chose avec les vieux synthés qu’on a utilisés, par rapport au fait qu’ils sonnent parfois un peu faux, qu’ils réagissent parfois bizarrement quand on les triture. Le titre « Dancing On The Other Side » résume un peu ce côté double face de notre musique, d’autant plus qu’à côté du HIFI et du LOFI on a un côté plus electro rock et un côté plus pop.
5) Votre playlist…lo-fi, justement, en cinq titres?
Bonaparte – C’est à moi qu’tu parles ?
Grauzone – Eisbär
Fidlar – Cheap Beer
We Are Enfant Terrible – Eagles don’t sparkle (Rubin Steiner Remix)
ESG – Dance
6) Pour en revenir à « Dancing on the other side », l’objectif au moment de sa conception était-il justement d’accroître vôtre côté dansant?
Un peu, mais on a surtout voulu se lancer dans des morceaux moins frais et « directs » que les titres de l’ancien EP « Sunglasses & Shirts ». Rendre le projet un peu plus sombre, travailler des mélodies plus chantées, des textures, tout en gardant ce côté dansant…et un certain second degré. Et c’est la première fois qu’on composait en groupe, pas comme pour les fois d’avant ou c’était encore plus ou moins un projet solo.
7) En êtes-vous seulement satisfaits, de ce EP? Il est fréquent que des groupes émettent des réserves sur le rendu…
En fait, on s’est dit qu’on pousserait la production des titres à un point ou les seules critiques qu’on pourrait nous faire seraient basées sur des histoires de goût (et ça on ne peut rien y faire !) mais pas de production. Evidemment on a fait des choix de mixage qui ne peuvent pas plaire à tous, mais au moins on a essayé d’aboutir au maximum notre vision du son qu’on voulait avoir pour ces titres. De fait, ça nous a pris pas mal de temps, mais au final on est satisfaits de cet EP et on pense que ces 4 titres vont bien ensemble. Il y a tellement de musique qui sort aujourd’hui, dont pas mal de choses bâclées, qu’on a préféré prendre notre temps pour sortir quelque chose dont on serait fiers.
Après, on fait toujours des erreurs, on développe son oreille tous les jours et on ferait sûrement les choses différemment si on devait refaire cet EP aujourd’hui. Un morceau, c’est une représentation de ce qu’on a envie de dire mais aussi de ce qu’on sait faire à un instant T, on a appris beaucoup de choses en faisant cet EP donc rien que cela, ça nous apporte de la satisfaction 🙂
8) Déjà 2 ep’s, d’ailleurs! Doit-on conclure que vous êtes dans l’incapacité totale à composer un album? C’est le bruit qui circule de façon insistante dans le « milieu »et je suis très sensible aux rumeurs… 🙂
Je ne comprends pas cette importance que tout le monde accorde encore à un album en fait ! Il y a des artistes electro qui sortent de la musique pendant 10 ans sans proposer un seul album, exemple : Todd Terje qui sort un album après avoir sorti des tonnes de prods, de remixes, etc et qui dit lui même qu’il fait ça pour que ses parents soient fiers de lui haha. Avec internet, on a une manière d’écouter de la musique aujourd’hui où de toute façon très peu de gens tiennent jusqu’au bout d’un album, il n’y a que les médias qui sont encore très attachés au format album, beaucoup ne chroniquent pas d’EP (on commence à s’en rendre compte en ce moment :).
Ceci étant je ne dis pas qu’un album c’est naze, car ça permet de montrer sa vision des choses sur un format «long» et c’est effectivement pas évident à faire si on veut faire quelque chose de cohérent. En tout cas on a préféré se laisser le temps et déjà montrer où on allait en ce moment avec ce nouvel EP, puisque désormais on compose en groupe et que nos morceaux ont pas mal évolué depuis l’EP « Sunglasses & Shirts ».
Après je n’ai pas dit qu’on ne réfléchissait pas a faire un album, tout vient à point à qui continuera à nous suivre sur les réseaux sociaux 😉
9) Pensez-vous avec cette formule trio être dans la configuration idéale?
Oui et non, c’est efficace et pratique d’être en « Power Trio », ça nous coûte moins cher pour tourner et ça marche bien. Mais du coup on ne peut pas tout jouer à trois et à terme j’aimerais qu’on soit plus sur scène, mais pour des questions de budget et d’organisation, on se posera la question plus tard, il paraît qu’on arrive déjà bien à foutre le bordel en live à 3 en tout cas.
10) Pour finir, après la playlist « lofi », votre playlist « early 2014 »?
Ripple – The Beat Goes On & On (Get Down Edits Quick Fix)
Todd Terje – Delorean Dynamite
Scott Fraser – Ask Your Control (Richard Sen Remix)
Jesse Boykins III – Plain
Isaac Delusion – Children of the Night
Crédit photo (avatar): Damien Stein