Seilman Bellinsky est né de la rencontre, dans un premier temps, entre Jonathan Seilman (ex-This Melodramatic Sauna, actuel Le Feu) et Rémy Bellin (ex-Goudron, Bela Vaudou). Opposés dans le style pratiqué (pop chatoyante pour Seilman, post-hardcore bien plus radical, donc, pour Bellin), le « mariage » des deux artistes s’annonçait pour le moins improbable.
Et pourtant…
Rejoint depuis par Pierre-Antoine Parois (Papier Tigre, Room 204) et Anthony Fleury (ex-Fordamage), le duo nantais devenu quatuor est parvenu à enfanter un opus éponyme post-rock aux élans noisy assez remarquable, contemplatif. Entre beauté et écarts soniques soudains (Wild cries of « ha-ha »), basé sur six morceaux à la durée étendue, « a minima » de six minutes et pouvant dépasser les dix, le disque séduit tout en menaçant, par son procédé s’appuyant sur une « maturation » lancinante des ambiances engendrées, de faire fuir certains auditeurs parmi les moins persévérants. L’effort d’assimilation est donc nécessaire mais s’avère à l’arrivée porteur, les plages de Seilman Bellinsky bousculant les sens (Occidens), les flattant pour ensuite mieux les emporter dans une cadence cette fois plus marquée, moins « inerte » (le final intitulé Aversion to the decay of impermenance). Beaux et tourmentés, les morceaux du groupe n’appartiennent à aucune caste, à l’image de ce que ses géniteurs pouvaient produire avant cet effort collectif, et réjouissent par leur caractère changeant. La cohérence a de toute évidence vite été trouvée entre les quatre musiciens, inventifs et aguerries à l’expérimentation. Qui signent un disque précieux, introspectif mais aussi griffu et insidieux.