Rappeuse/chanteuse/compositrice basée à Curitiba, au Brésil, Karol Conka est influencée par la musique pop de ce pays et, en s’acoquinant avec le beatmaker Nave, créé un univers surement bien plus attractif que le statut de Lauryn Hill auquel elle souhaitait initialement accéder.
Sur l’initial Batuk freak, en effet, on goûte avec délices à un mix abouti entre son flow et les sons de Nave, dont résultent un hip-hop dépaysant, très musical et bien énergisant, porté par un feeling funky parfois tribal, comme issu de contrées reculées. Le genre de mixture de nature à vous réconcilier avec le genre, groovy et bardée de sons venus d’on ne sait où (Gandala), qui m’évoque par leur genre les deux filles de Thee Satisfaction, vues il y quelques temps à la Lune des Pirates d’Amiens. On voyage autant qu’on se trémousse à l’écoute des douze titres, profonds ou trépidants (Caxambu) et qui, jamais, ne versent dans le pompeux ou le bêtement groove.
On pense, en certain endroits, à une croisement entre Skip and Die et Asian Dub Foundation (l’excellent Gueto), les nappes sonores de Nave font mouche et les entrelacs de percus donnent de la vie, de l’impulsion, au boulot déjà savamment pensé des deux complices. Des élans bigarrés (Sandalia) l’épicent et complètent un décor chaud et coloré, assez singulier pour séduire sans inciter au décrochage. Pour constituer, au bout du compte, une rondelle enthousiasmante, dansante et exotique sans se départir d’un parti pris musical de bon aloi.