Rappeur rennais, Arm a créé le collectif Psykick Lyrikah, à géométrie variable et actif depuis une paye, pour y dépeindre sa vision du Monde.
Sur Jamais trop tard, premier opus pour le label angevin Yotanka, il fait preuve d’inventivité dans les trames qui entourent son flow mesuré mais à l’impact certain. La présence des guitaristes Olivier Mellano(Dominique A) et Marc Sens (Zone Libre) complète ses écrins sombres avec efficience et sans les envahir et le verbe, habile, est manié avec dextérité. Aussi obscur que sa pochette, Jamais trop tard s’écarte avec à propos des sentiers, des avenues même, convenues et grossières, souvent sans génie, du hip-hop hexagonal. La minute qui suit et ses décors synthétiques relayés par ces guitares souillées illustre bien la démarche et quatorze titres durant ou presque, l’ingéniosité dans les textures prévaudra.
Voilà donc un album qui, lui au moins, incitera à l’écoute et livrera à matière, tant à la danse qu’à réflexion, tout en offrant des climats disparates et cohérents, qui au beau milieu de leur grisaille ambiante se font ça et là plus clairs. Hip-hop, rock et electro, donc, font bon ménage et on ne regrettera que la rareté des écarts rock, tranchants et déviants, qui accentuent la singularité de l’oeuvre. Ceci, cependant, n’affecte que peu la qualité de l’ensemble, affublé d’ambiances jazzy (Le soir pour toi) inquiétantes, ou leste (Aux portes de la ville), frontal en sa fin sur l’excellent et très rock La ligne rouge. Un titre mordant, acéré, selon une voie qu’on espère voir suivie plus souvent, à l’avenir, par Arm. L’aventure empreinte de noirceur prenant fin sur un instrumental à la fois beau et fracassé, intitulé Sortie, après un Jour quinze presque serein.
Pour un rendu appréciable, ouvert et sincère, qui fait du bien à entendre et offre une différence tangible, dans l’esprit comme dans le verbe et la démarche, avec les fréquentes productions inhérentes au genre.