Jessica 93 est le projet en forme de one man band de Geoffroy Laporte, qui sort avec Who cares son premier album, agrémenté -on s’en réjouira- des quatre titres de son premier EP éponyme, qui date de 2012.
On y trouve des accents à la Pornography de The Cure (Poison, entre autres réussites cold de tout premier ordre) et le jeune homme balafre son oeuvre de traces shoegaze elles aussi du plus bel effet. Souterraine, malsaine et répétitive, sa musique s’incruste dans le cerveau, y fait des ravages bienfaisants et groove sec à l’aide de grattes et de basses aux couches multiples, alliées à des boites à rythmes assénées, presque mécaniques.
Entre 80’s et 90’s, comme le dit sa bio, en en tirant le meilleur, Jessica 93 obsède d’entrée (Away et ses huit minutes passées), chante en Anglais, souvent, en Français, parfois, sans que le recours à notre langue ne porte atteinte à son ouvrage. Froid et délicieusement atone, son organe vocal est à l’unisson d’un ensemble prenant, conditionnant, aux formats étendus qui font mouche (Origine), et instaurent une noirceur tantôt légèrement illuminée (Omar little), ou rendue plus profonde encore par ces basses lourdes qui étayent par exemple French to the bones. On pense aussi à Kill the Thrill, formation indus de Marseille, pour l’équilibre entre groove et lourdeur, allant et inertie entêtante (Sweet dreams), et les essais courts (Junk food) s’avèrent largement aussi bons que les plus étirés.
Le bonus, soit quatre titres du même tonneau qui partent d’un Seul contre tous quasi-tribal, d’obédience indus justement, pour aboutir à ce Omar little semblable en plus « mélodique », fait ensuite et à son tour son effet. Avec dans l’intervalle le bien nommé Népal, doté de sons bien trouvés, froids bien entendus mais pas seulement, et les dix minutes saccadées, aussi captivantes, plus agitées, de Dragon.
Pour accoucher, grâce à ces dix morceaux, d’un disque qui croise les genres avec panache et aux mépris de toute norme, de fort belle facture.